samedi 11 mai 2013

Résumé de l’actualité du 20 avril au 10 mai 2013

Par Esther Grève

Pour ce résumé, nous tâcherons de revenir sur les principaux événements de ces trois dernières semaines.
Au Moyen-Orient, l’atmosphère est de plus en plus à la guerre, à quelque point de conflit que l’on regarde.
Dans le cadre de l’éventualité d’un conflit avec l’Iran, une véritable frénésie d’armement a pris place : des contrats de vente sont délibérés en ce moment entre les Etats-Unis et leurs alliés du Moyen-Orient, soit l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et Israël, se montant à 10 milliards de dollars. Le secrétaire américain de la Défense, Chuck Hagel, parle d’un « signal très clair » à l’Iran au travers de cela, déclarant aussi que l’option militaire était toujours sur la table. S’agissant du contrat avec Israël, Chuck Hagel a signifié : « Il faut non seulement préserver la capacité militaire d’Israël, mais aussi l’améliorer. Nous sommes convenus de continuer à procurer des missiles à Israël pour garantir sa suprématie militaire dans les générations à venir et pour qu’il puisse faire face aux menaces ». D’après un journal koweïtien, le chef de l’organisation terroriste du Hezbollah Nasrallah aurait été en visite secrètement en Iran pour des mises au point, et une source iranienne a déclaré : « une future guerre avec Israël est un fait accompli et il faut s’y préparer ». Des manœuvres navales américaines importantes ont commencé cette semaine dans le Golfe persique, et l’Iran dénonce des « actes provocateurs ».

Mais ce pourrait être au travers de la question de la Syrie qu’une véritable guerre régionale embrase le Moyen-Orient. Au Liban, beaucoup estiment d’ailleurs qu’il est inévitable qu’une guerre éclate dans les cinq prochaines semaines, impliquant le Liban, la Syrie, et peut-être même l’Iran. L’Iran a en effet averti ouvertement qu’il « ne permettra pas que la Syrie tombe aux mains d’Israël, des Etats-Unis ou des mécréants ». Et il menace d’une « guerre totale contre Israël » si l’on provoquait la chute d’Assad… Le Hezbollah a lui aussi fait entendre une voix claire sur son engagement et celui de l’Iran, en tant qu’« amis de la Syrie », contre ceux qui provoqueraient la chute du régime syrien. Israël prend sa part dans le conflit syrien bien qu’il ne veuille en aucune manière s’ingérer : « Nous n’intervenons pas dans la guerre civile en Syrie, mais nous avons fixé des lignes rouges et, parmi elles, le transfert d’armes chimiques aux organisations terroristes », a déclaré le ministre israélien de la Défense. Le transfert d’armes conventionnelles et non-conventionnelles (chimiques) à la milice chiite du Hezbollah est en effet inacceptable, face à une organisation qui a pour objectif de « libérer » la « terre de Palestine » des Juifs. Israël est sur le qui-vive face à toute entreprise de transfert d’armes à la milice chiite. Vendredi dernier, l’Etat juif a ainsi effectué un raid en Syrie. Et un nouveau raid a eu lieu de samedi à dimanche, éliminant au moins 42 soldats syriens dans l’attaque contre trois positions militaires. Les analystes font remarquer que tandis que les Etats-Unis s’étaient opposés il y a deux ans et demi à une opération israélienne de ce type, faisant pression pour que les avions de chasse israéliens reviennent sur leurs bases (et en l’occurrence, des Scuds D avaient de ce fait renforcé l’arsenal du Hezbollah, pouvant transporter une charge explosive de 150 kg et bombarder n’importe quelle région d’Israël !), Obama semble aujourd’hui donner son feu vert à Israël pour prévenir ce qui serait l’acquisition par une milice terroriste d’un équipement militaire d’Etat ! Des voix s’élèvent pour décrier ces opérations israéliennes, de l’Arabie saoudite qui s’offusque de « violation dangereuse de la souveraineté d’un pays arabe », aux chiites qui voient en elles un soutien aux rebelles syriens sunnites. Bachar-Al-Assad a déclaré face aux raids israéliens que le « Golan deviendra un front de ‘résistance’ ». Et les Nations-Unies enjoignent quant à elles Israël de cesser ses survols militaires du Liban, effectués pour surveiller les mouvements du Hezbollah. On ferme cyniquement les yeux devant ce qui pèse sur l’existence de l’Etat juif… Une telle montée de la tension au Moyen-Orient a conduit l’armée de défense israélienne à un triplement de ses entraînements à sa frontière avec le Liban et la Syrie.

L’approvisionnement extérieur de forces et d’équipements militaires en faveur du régime syrien se poursuit. Israël a protesté auprès de la Russie contre une vente russe d’un système sophistiqué de défense aérienne pour protéger les sites stratégiques majeurs de l’Etat syrien. Et on célèbre candidement le fait qu’Etats-Unis et Russie se soient entendus pour inciter le régime syrien et la rébellion à trouver une solution pacifique au conflit… Cet accord entre les deux puissances a été salué par l’Union Européenne. Pour les rebelles syriens, une solution pacifique, c’est-à-dire politique, ne peut se concevoir sans le départ d’Assad du pouvoir. Enfin, il est avéré que depuis quelques temps, le régime syrien a commencé à faire usage d’armes chimiques contre les rebelles (sous la vive pression de son allié iranien d’après certaines voix), « à petite échelle » et « en plusieurs occasions » selon l’administration américaine. La communauté internationale n’y a pas réagi pour l’instant, ce qui a amené l’opposition syrienne à déclarer : « La ligne rouge définie par les Etats-Unis et Obama a été franchie, il faut une intervention urgente ». Mais des sources font aussi état d’usage d’armes chimiques par les rebelles… Et l’afflux de réfugiés syriens dans les pays voisins ne cesse pas : le nombre de réfugiés en Jordanie pourrait représenter 40% de la population jordanienne d’ici un an, selon le chef de la diplomatie jordanienne !

Au beau milieu de cette situation explosive se poursuivent les tractations pour relancer le processus de paix israélo-palestinien. Suite à un changement dans la position de la Ligue arabe, qui accepte désormais un éventuel plan d’échange de territoires (alors qu’elle exigeait jusque-là un pur et simple retrait d’Israël sur les lignes de 1967), les acteurs du processus de paix estiment qu’une fenêtre est ouverte pour parvenir à faire avancer les choses. C’est Tsipi Livni, ministre de la Justice, qui est en charge du dossier du processus de paix côté israélien. L’aval donné cette semaine à la construction de 300 logements à Beit El est une nouvelle fois décrié par Mahmoud Abbas comme une tentative de saboter le processus de paix… Et nul n’élève la voix contre le terrorisme palestinien qui n’est pas pour faire avancer la paix : un attentat a eu lieu dans un carrefour des territoires disputés, revendiqué par la branche armée du Fatah ; un israélien père de 5 enfants a été assassiné à coups de couteau. Des affrontements et incidents ont eu lieu suite à cet attentat. Des roquettes et obus de mortiers ont aussi été tirés durant ces dernières semaines depuis la bande de Gaza, et en réponse à ces tirs, l’armée israélienne a bombardé des installations du Djihad islamique. Par ailleurs, un incident sur le mont du temple à Jérusalem a poussé le Parlement jordanien à voter à l’unanimité l’expulsion de l’ambassadeur israélien à Amman : un jeune arabe ayant appelé des Juifs à quitter le mont du temple et menaçant l’ordre public avait été arrêté par les policiers israéliens, qui avaient ensuite dispersé les musulmans commençant à leur lancer des chaises dessus… ! Et une des plus hautes autorités de l’islam sunnite, le cheikh Youssouf Kardawi, s’est rendu ce jeudi dans la Bande de Gaza, proclamant qu’Israël « n’avait pas le droit d’exister », qu’il n’y avait jamais eu de présence juive sur cette terre, et que « la Palestine était destinée à la nation arabe »…

Concernant le reste de l’actualité au Moyen-Orient, la situation libyenne est des plus instables, voire anarchique. Un attentat contre l’ambassade de France a blessé deux vigiles français et fait de gros dégâts, attentat condamné par la communauté internationale. Et le ministre libyen de la Défense a annoncé sa démission, alors que des milices tiennent en état de siège deux ministères depuis plus d’une semaine. En Egypte, la tentative de mainmise des Frères musulmans sur les différentes institutions ne cesse de croître : le monde égyptien de la Justice accuse la confrérie de vouloir « purger » le système judiciaire sous couvert de lutte contre la corruption. Et 9 ministres ont été changés dans le cadre d’un remaniement ministériel. En Irak, les violences deviennent particulièrement préoccupantes. Plus de 170 personnes ont été tuées en quelques jours dans un campement de protestataires sunnites contre le gouvernement à domination chiite, qu’ils accusent de discrimination envers eux. Les affrontements se sont succédé entre policiers et manifestants. Le conflit s’est étendu à d’autres régions sunnites du pays, et les manifestants sunnites ont même annoncé la création d’une « armée » dans l’Ouest du pays où se trouve leur bastion. Au total, les violences en Irak auront fait 712 morts et 1633 blessés en avril, soit le mois le plus meurtrier depuis juin 2008 d’après l’ONU. Au Pakistan, une série d’attentats a fait plus d’une vingtaine de morts. Concernant la Turquie, les combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ont débuté leur retrait de Turquie vers le nord de l’Irak, dans le cadre d’un processus de paix tendant à sortir de 30 ans de conflit.

Au Nigéria, un raid de la secte islamique Boko Haram a fait 55 morts cette semaine à Bama, et le poste de police et des bâtiments d’Etat de la ville ont été incendiés. Quatre personnes ont péri au Tchad lors d’une tentative de coup d’Etat qui a échoué. Au Mali, le Conseil de sécurité de l’ONU a donné son aval pour la création d’une force de maintien de la paix de 12 600 casques bleus pour stabiliser le nord du pays suite à l’opération française. Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) menace d’ailleurs une nouvelle fois de frapper les intérêts français dans le monde, en représailles à la « croisade » française au Mali, ce qui est pris au sérieux par François Hollande. La Canada a pour sa part déjoué un projet d’attentat d’Al-Qaïda contre un train.

En Chine, un tremblement de terre de magnitude 6,6 a frappé la région de Sichuan le 20 avril, 5 ans après le terrible séisme qui avait touché la même zone, faisant plus de 200 morts, 11 800 blessés et 30 000 bâtiments détruits. Un séisme de magnitude 5,7 a été ressenti en Afghanistan et au Pakistan. En Californie, un important incendie a ravagé de dizaines de milliers d’hectares la semaine dernière. Au Bangladesh, l’effondrement d’un immeuble fin avril a fait 912 morts. En Italie, une collision d’un navire avec une tour de contrôle dans le port de Gênes, dans lequel sept personnes sont mortes, a été déplorée comme une « immense tragédie » par le premier ministre.

En Europe, le Parlement de Chypre a approuvé le plan de sauvetage européen, octroyant un prêt de 10 milliards d’euros en échange de mesures draconiennes, à 29 voix pour et 27 contre. Au Royaume-Uni, le parti de l’indépendance UKIP, se distinguant par sa position anti-européenne et anti-immigration, vient de réaliser une percée importante aux élections municipales. En Italie, suite à l’échec des 1007 grands électeurs, après cinq tours de scrutin, à désigner un successeur à Giorgio Napolitano à la présidence de la République, tous les bords politiques ont appelé le président sortant à se représenter aux élections. L’Italie est face à une crise politique conséquente depuis les élections législatives de fin février desquelles n’est sortie aucune majorité claire. Napolitano ne souhaitait pas assumer à nouveau le poste de président en raison de son âge (88 ans en juin), mais a accepté par « sens de responsabilité envers la nation ». Il a ainsi été réélu, et les coups de feu qui ont éclaté devant le palais du gouvernement, tirés par un chômeur de 49 ans, sont représentatifs du malaise dans le pays… Au Pays-Bas, la royauté est passée à un homme, pour la première fois en 123 ans, Willem-Alexander succède à Beatrix.

Et ces trois dernières semaines mettent aussi en lumière le fléau de l’antisémitisme. En Hongrie, 1000 membres de l’extrême droite antisémite « Jobbik » se sont rassemblés à Budapest à la veille de la tenue du Congrès juif mondial qui se déroule dans cette ville. Le premier ministre du pays a eu une position peu tranchée sur la question, condamnant « l’antisémitisme », mais ne dénonçant pas officiellement ce mouvement d’extrême droite. En Grèce, le parti néo-nazi « Aube dorée » accuse les « sionistes » d’avoir pris le contrôle de la politique américaine et grecque. En Italie, la ville de Naples a accordé la citoyenneté d’honneur à Mahmoud Abbas, mesure contestée par les Juifs italiens au regard du fait qu’« il a nié l’Holocauste dans sa thèse universitaire et ne s’est jamais distancé des attaques terroristes palestiniennes ». Mais c’est en France que les attaques physiques contre les Juifs se poursuivent : un rabbin et son fils ont été agressés à coup de cutter dans le 9ème arrondissement de Paris, devant la synagogue Beit El de la rue Saulnier !

En France, Marine le Pen parle d’adhésions croissantes au FN, notamment d’électeurs du PS déçus par la politique socialiste actuelle. Et c’est en effet un record de non-popularité qui est atteint par le président de la République et le premier ministre, leurs cotes de confiance s’étant effondrées au long de ces derniers mois, et étant actuellement respectivement à 24% et 23% ! Mais les réformes affectant profondément la société passent : le Parlement français a adopté définitivement, avec 331 pour et 225 contre, le projet de loi pour le mariage et l’adoption par les homosexuels. L’opposition de droite (UMP et centre-droit) s’est à quasi-unanimité prononcée contre le projet de loi. Et l’opposition au projet de loi a saisi le Conseil constitutionnel. Une manifestation populaire contre le projet de loi a d’ailleurs à nouveau eu lieu à Paris, et plusieurs sondages attestent de manière claire qu’une majorité de Français est opposée à ce projet de loi. Le 25 avril, une fusillade a eu lieu à Istres (Bouches-du-Rhône) par un homme de 19 ans se disant appartenir à Al-Qaïda – il a abattu 3 personnes ; le 7 mai, un homme a poignardé à la gorge un gendarme de Roussillon dans l’Isère, en criant « Allah akhbar ». Et puis, en Corse, en trois jours, du 25 au 27 avril, ont eu lieu une suite d’événements criminels : l’assassinat du président du parc naturel régional, l’incendie intentionnel d’une discothèque connue à Calvi, et un attentat contre une villa en construction à Ajaccio. Enfin, les relations entre l’Allemagne et la France (on parlait d’un véritable couple franco-allemand du temps de Sarkozy…) sont de plus en plus tendues, le parti socialiste français venant de publier un texte critiquant « l’austérité allemande ».

Source: www.lespoir.fr