samedi 24 mai 2014

Soudan : quelques précisions sur Daniel Wani et Meriam Ibrahim



Citoyen étatsunien depuis 2005, mais ayant conservé, semble-t-il, sa nationalité soudanaise, Daniel Wani, natif du Soudan du Sud, est l’époux de Meriam Yahya Ibrahim Ishag. Ils se sont mariés en décembre 2011 dans la chapelle d’une congrégation chrétienne à Khartoum.Daniel Wani, biochimiste handicapé (il se déplace en fauteuil roulant) et son frère Gabriel vivent à Manchester (New Hampshire). Ils se sont réfugiés aux États-Unis dès 1998 pour fuir la guerre civile déclenchée par le régime islamiste du général Omar al-Bashir contre les chrétiens et les animistes refusant qu’on leur impose la sharia : une guerre civile qui a fait deux millions de morts et quatre millions de personnes déplacées… Daniel Wani est retourné au Soudan l’été dernier pour organiser le rapatriement aux États-Unis de son épouse et de leur filsMartin, aujourd’hui âgé de 20 mois (citoyen étatsunien du chef de son père). C’est sans doute à l’occasion de leurs retrouvailles à Khartoum que le couple a conçu son deuxième enfant qui devrait naître prochainement, au plus tard le 1er juin. Mais un supposé frère musulman de Meriam, d’autres sources disent qu’il s’agit d’un parent éloigné, l’a dénoncée à la justice pour “adultère” en août 2013 au motif qu’elle serait musulmane – du chef de son père qui l’a abandonnée à l’âge de six ans. Meriam fut élevée par sa mère, une Éthiopienne chrétienne, dans la foi orthodoxe – le porte-parole du Parlement soudanais, al-Fatih Izz Al-Din, a soutenu publiquement que la mère deMeriam était musulmane et non chrétienne.

Le Code pénal inspiré de la sharia, en vigueur au Soudan, n’autorise pas le mariage entre une musulmane et un chrétien sauf si ce dernier se convertit à la religion mahométane. Meriam et son fils Martin ont été incarcérés le 17 février dernier dans une prison pour femmes d’Omdurman, la plus grande ville du Soudan située en face de Khartoum mais sur l’autre rive du Nil. Traduite le 4 mars devant une cour pénale de Khartoum, Meriam lui a fourni son certificat de mariage qui la présente comme une chrétienne et l’adresse de la chapelle où elle s’est mariée et qui a établi ce certificat. Le tribunal n’a pas retenu ces documents, ni accepté d’entendre trois témoins venus à la cour pour confirmer que Meriam a toujours été chrétienne : il considère le mariage comme n’ayant pas eu lieu et ne reconnaît pas « l’infidèle » Daniel Wani comme père de son propre enfant. Le tribunal l’a condamnée le 11 mai à la peine de mort par pendaison pour apostasie (ridda) et à cent coups de fouet pour adultère (zina), en application, respectivement des articles 126 et 146 du Code pénal soudanais. La cour lui accorda trois jours pour apostasier le christianisme, “revenir” à la religion mahométane (istitabah) et éviter ainsi la peine de mort. Lors de l’audience du 15 mai,Meriam persista : « Je suis chrétienne et je n’ai jamais été musulmane », et elle répondit à un religieux musulman cité par le tribunal pour la convaincre de “revenir” à l’islam : « Je suis une chrétienne, pas une apostate [de l’islam] ». Les sentences ont donc été confirmées. Toutefois, la peine du fouet ne pourrait pas lui être appliquée avant la naissance de l’enfant qu’elle porte, et la peine de mort ne saurait être appliquée que deux ans après la naissance…

Sources : LifeNews.com, New Hampshire Union Leader, News.com.au, The Telegraph, African Centre for Justice and Peace Studies via www.christianophobie.fr