Les événements particuliers de cette semaine illustrent l’évolution de certains pays du Moyen-Orient. Tout d’abord, le changement de gouvernement en Israël marque déjà un changement de politique notamment en matière des Affaires étrangères : alors qu’Israël n’avait pas fléchi depuis plus de deux ans sous la pression de la Turquie concernant l’affaire du Mavi Marmara, le nouveau gouvernement s’est plié. Le Mavi Marmara se présentant comme transportant du matériel humanitaire à destination de la bande de Gaza, avait tenté de forcer le blocus maritime, et l’armée israélienne avait été contrainte d’arraisonner la flottille le 31 mai 2010. Or, les soldats de Tsahal avaient été violemment attaqués lors de l’opération par ces personnalités pacifiques qui étaient en réalité armées… Contraints par la nécessité de la légitime défense, ils avaient dû ouvrir le feu, ce qui avait fait neuf morts parmi les membres de l’IHH, organisation turque considérée par Israël comme terroriste sous couvert d’humanitaire. Le gouvernement d’Erdogan avait coupé toute relation amicale avec Israël suite à cet épisode, et les relations entre les deux pays, auparavant dans une dynamique de coopération, se sont fortement dégradées. Depuis 2010, la Turquie exige donc pour le rétablissement des relations des excuses officielles de la part d’Israël. Israël vient cette semaine de présenter ses excuses alors qu’un rapport de l’ONU le disculpait totalement en septembre 2011. Avigdor Liberman s’est vivement opposé à un tel fléchissement de la position israélienne, estimant dangereux de s’excuser pour s’être défendu face à une attaque terroriste ! Netanyahou a expliqué cette décision en rapport avec la crise syrienne, souhaitant que la Turquie et Israël soient unis si la crise syrienne venait à se dégrader. Mais les jours qui ont suivi, la Turquie a manifesté de plus grandes exigences, posant trois conditions pour l’apaisement des relations : des excuses officielles, la fin du blocus de la bande de Gaza et l’indemnisation des familles des terroristes tués ou blessés. Et suite à la proposition israélienne de verser 100 000 dollars d’indemnités par famille, la Turquie ne demande pas moins d’un million ! Et la ligue arabe a de son côté appelé Israël à poursuivre dans cette lignée d’excuses en faisant la démarche de demander pardon d’avoir tué des Palestiniens…
La situation syrienne est cette semaine en train de se renverser à un niveau international : lundi, la Ligue arabe a annoncé officiellement qu’elle attribuait le siège de la Syrie à l’opposition au régime, suscitant d’ailleurs la contrariété de l’Iran. Et l’organisation panarabe se donne désormais aussi le droit d’armer les rebelles. Dès son accession au siège de la Syrie, l’opposition s’est adressée à l’administration Obama pour réclamer la protection des Etats-Unis sur la région Nord de la Syrie qui est passée sous son contrôle. Samedi, les rebelles ont par ailleurs pris le contrôle d’une importante base aérienne au Sud du pays, près de Deraa. Et les rebelles accusent cette semaine encore le régime d’Assad d’avoir fait usage d’armes chimiques.
Concernant maintenant le Liban, le Premier ministre a présenté sa démission du gouvernement ce samedi, n’ayant pu parvenir à résoudre un différend avec le Hezbollah qui domine manifestement la vie politique du pays, et qui empêche que certaines mesures gouvernementales soient prises. La situation critique de ce pays est plus que jamais manifeste. De violents combats ont aussi éclaté à Tripoli entre pro- et anti-syriens au Nord du Liban, faisant 13 morts.
La visite de Barack Obama au Moyen-Orient a été très décevante pour les Palestiniens qui espéraient qu’il réclamerait fermement un gel des constructions ; Obama a au contraire appelé les responsables palestiniens à reprendre les négociations sans condition préalable, et il a de plus clairement affirmé qu’Israël était la terre ancestrale du peuple juif. Selon le journal Al-Awsat, le président américain aurait demandé à Mahmoud Abbas de ne pas porter plainte contre Israël à la Cour pénale internationale sur la question des constructions en territoires disputés, démarche qu’Abbas menace de faire depuis la reconnaissance par l’ONU de la Palestine comme Etat non-membre.
En Egypte, de nouvelles émeutes au Caire, marquées par des affrontements entre pro- et anti-Morsi, ont fait plus de 300 blessés.
Pour clore sur le Moyen-Orient, signalons que l’Iran vient de proposer de cesser pendant 6 mois l’enrichissement d’uranium, en échange d’un allègement des sanctions internationales. Par ailleurs, le bloc des pays émergents des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), a signifié mercredi son inquiétude face à un possible recours à l’option militaire concernant le programme nucléaire iranien, et face aux sanctions « unilatérales », appelant à s’en tenir à une démarche de négociations…
En Centrafrique, pays dont l’histoire est marquée par des coups d’Etat sanglants, des forces armées opposées au gouvernement ont pris le pouvoir par un coup d’Etat en quelques heures ; le dialogue qui avait eu lieu entre le gouvernement et les rebelles n’avait pas débouché sur la concrétisation des mesures décidées, et ces derniers avaient brandi des menaces en février. Le président François Bozizé, arrivé lui-même au pouvoir par un coup d’Etat en 2003 est donc en fuite en République démocratique du Congo.
Les violences entre bouddhistes et musulmans continuent en Birmanie : 32 personnes ont été tuées et près de 9000 déplacées. D’abord circonscrites à Meiktila (centre du pays), ces violences commencent à s’étendre à d’autres villes de la région.
Au Nigéria, une série d’attaques par des islamistes a fait 25 morts.
Un séisme de magnitude 6,3 a eu lieu dimanche en Russie, et un de 6,1 mercredi à Taïwan. Un temps de fortes chutes de neige et de vents violents en Irlande et en Ecosse a privé cette semaine des milliers de personnes d’électricité.
Concernant la Corée du Nord, ses menaces d’attaquer les bases militaires américaines deviennent inquiétantes. « Le commandement de l’armée du peuple coréen déclare que toutes les troupes d’artillerie, y compris les unités stratégiques de missiles et les unités d’artillerie à longue portée doivent être placées en alerte prêtes au combat », annonce l’agence officielle nord-coréenne KCNA. Ces menaces sont prises très au sérieux par les Etats-Unis ; Washington se dit « prêt à répondre à toute éventualité ».
En Europe, la situation concernant Chypre se conclut par un accord entre le gouvernement chypriote et la Troïka (Banque centrale européenne, Fond monétaire international et Union européenne) : une mesure de taxation exceptionnelle des dépôts bancaires supérieurs à 100 000 euros chez la Bank of Cyprus, de l’ordre de 20%, a été décidée. Suite à l’annonce de cette mesure de taxation, des milliers de personnes ont manifesté, et le président de la Bank of Cyprus a remis sa démission. Pendant 12 jours, les banques chypriotes auront été fermées.
Enfin, le débat sur le mariage gay continue d’agiter les pays occidentaux. A New-York, plusieurs centaines de personnes sont descendues dans la rue pour défendre le mariage pour les homosexuels avant le débat de la Cour suprême sur la question. Lors de ce débat jugé comme historique, les neuf juges de la Cour ont semblé pencher pour l’ouverture du mariage aux homosexuels face à deux plaintes, et rendront leur décision d’ici la fin du mois de juin. Et en France, une mobilisation massive contre le projet de loi du mariage pour tous a eu lieu samedi à Paris, rassemblant 1,4 million de personnes selon le communiqué des organisateurs de la manifestation, tandis que la police avance un chiffre de 300 000 personnes. Des violences et des bavures ont eu lieu ; Christine Boutin a notamment été jetée à terre et aspergée de gaz lacrymogène (elle a suite à cela demandé la démission du ministre de l’Intérieur).