La crise syrienne est placée sur le fil d’un rasoir, vendredi 29 juin, à mi-chemin, entre le risque d’une offensive militaire turque et arabo-occidentale, qui pourrait se déclencher dans les 48 heures, et un accord entre les grandes puissances encore capable de la conjurer.
Les sources militaires de Debkafile révèlent l’existence de puissants mouvements de troupes saoudiennes en direction des frontières jordaniennes et irakiennes, jeudi dans la nuit et jusqu’au matin du vendredi 29 juin, à la suite de la mise en état d’alerte maximum, en vue d’une offensive conjointe contre Assad en Syrie. Ces unités saoudiennes sont constituées de tanks, de lance-missiles, de batteries anti-aériennes et de forces spéciales et devraient entrer en Jordanie selon deux directions :
- L’une aura pour objectif de préserver le Roi Abdallah de Jordanie contre d’éventuelles représailles syriennes ou iraniennes, venues de Syrie ou d’Irak.
- La seconde coupera vers le nord à travers la Jordanie, pour pénétrer en Syrie par le Sud-Est, où une zone de sécurité sera établie autour des villes de Deraa, Deir al-Zour et Abu Kemal – qui sont toutes des foyers de rébellion contre Assad. La région est aussi le territoire de la tribu Shammar, frères des Shammars de la province saoudienne de Nejd.
Les unités saoudiennes déployées sur la frontière irakienne sont là pour défendre le royaume contre d’éventuelles incursions des milices chi’ites irakiennes qui s’infiltreraient à travers le Royaume pour y mener des expéditions punitives. Les milices irakiennes sont bien entraînées et armées et agissent sous les ordres d’officiers iraniens des Brigades Al-Qods, le bras armé extérieur des Gardiens de la Révolution.
Les sources occidentales du Golfe signalent que la Jordanie est, également, en état d’alerte en cas de guerre imminente.
Faisant suite à la destruction en vol de l’avion turc par la Syrie, il y a une semaine, la Turquie continue d’étoffer ses unités présentes sur la frontière syrienne en y adjoignant des batteries anti-aériennes, des missiles et des tanks remorqués par de longs convois de camions de transport.
Un officier de l’Armée Libre Syrienne, le Général Mustafa al-Sheikh, rapportait vendredi, que 170 tanks de l’armée syrienne de la 17ème Division mécanisée s’étaient massés près du village de Musalmieh, au nord-est d’Alep, à 30 kms de la frontière turque. Il a affirmé qu’ils se tenaient prêts à attaquer toutes les forces turques qui oseraient pénétrer en Syrie.
Alors que ces préparatifs de guerre progressaient, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton est arrivée à St Petersburg vendredi pour des discussions cruciales avec le Ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Ils ont rencontré, la veille, le nouveau Groupe d’Action parrainé par l’ONU, convoqué à Genève pour s’entretenir, avec l’envoyé de l’ONU et de la Ligue Arabe, Kofi Annan, de la dernière proposition de transition en Syrie. Celui-ci espère qu’un accord politique conjurera une intervention militaire.
Les cinq membres du Conseil de Sécurité détenant un droit de veto + la Turquie et les envoyés de la Ligue Arabe du Qatar, du Koweit et d’Irak étaient conviés à cette rencontre.
Annan propose de former un gouvernement d’unité nationale transitoire qui comprendrait l’opposition et exclurait les membres du régime de Damas les plus compromis dans la répression.
On a largement rapporté, jeudi, que la Syrie avait donné son accord à cette formule, même si elle devait entraîner l’éviction de Bachar Al Assad du pouvoir. Cependant, Lavrov est intervenu pour corriger le tir, insistant, en référence à la proposition Annan, que Moscou n’accorderait pas son soutien à « la moindre ingérence ni imposition d’une quelconque recette extérieure en Syrie ».
Cette position a doublement pour but de freiner l’intensification de l’agitation militaire qui se développe autour de la Syrie.
Par conséquent, on s’attend à ce que Clinton et Lavrov s’attaquent vigoureusement au problème syrien. Les conséquences de leur rencontre ne détermineront pas seulement le cours des discussions du Groupe d’Action, mais, plus important, si l’alliance arabo-turco-occidentale ira ou non plus loin dans le sens d’une intervention militaire contre la Syrie.
Le degré de coopération américano-russe au sujet d’un plan visant à exclure Assad du pouvoir décidera du devenir de cette opération. L’échec de ces pourparlers pourrait conduire à ce que la crise syrienne empire, précipitant une intervention militaire arabo-occidentale, dont le lancement est prévu, selon les sources militaires dans le Golfe, dès le samedi 30 juin.
Source: http://www.debka.com/article/22145/Saudis-forces-mass-on-Jordanian-Iraqi-borders-Turkey-Syria-reinforce-strength Adaptation: Marc via lessakele.over-blog.fr