Coupant
court au débat américano-israélien sur là où il faut mettre des “lignes
rouges” à l’Iran, le dirigeant du Hezbollah, Hassan
Nasrallah a déclaré lundi soir, 3 septembre que l’Iran frapperait
les bases américaines au Moyen-Orient, en représailles à toute frappe
israélienne sur ses installations nucléaires, même si les
Américains n’étaient pas impliqués dans l’attaque.
Un peu plus tôt, ce même lundi, le New York Times rédigeait
un reportage sur le débat au sein de
la Maison Blanche pour savoir si le Président Barack Obama devait
énoncer des « lignes rouges » pour l’Iran, à partir desquelles
l’Amérique agirait, afin de répondre à la plainte
d’Israël qu’il restait trop évasif, sans jamais préciser jusqu’où
l’Iran se verrait autoriser à aller.
Mais, même si Obama posait effectivement une ligne rouge, à présent, le NYT admet que sa crédibilité resterait sujette à caution : “Les Etats-Unis et ses alliés ont déjà permis à l’Iran de franchir sept lignes rouges précédentes, en moins de 18 ans ».
La
déclaration du Premier Soldat d’Amérique, le Général Martin Dempsey,
jeudi dernier, disant que les Etats-Unis ne voulaient pas
être « complices » d’une attaque israélienne contre l’Iran, a été
interprétée par les premiers concernés comme le signe que les
discussions américano-israéliennes des deux dernières
semaines, au sujet de ces fameuses « lignes rouges », étaient dans
l’impasse.
Dans
une tentative visant à atténuer les retombées du commentaire de Dempsey,
et à remettre le dialogue sur les rails, la Maison
Blanche envoie le Directeur de la CIA, David Petraeus à Jérusalem,
afin de poursuivre les palabres sur ces "lignes rouges" avec le Premier
Ministre Binyamin Netanyahou et le Ministre de la
Défense, Ehud Barak.
Debkafile,
qui a été le premier site à dévoiler le sens
de sa mission, dimanche 2 septembre, a exprimé des doutes sur ses
chances de succès. Les deux parties engagées dans ce débat savent que
les vents de l’Iran nucléaire roulent plus vite que le
temps qu’ils perdent à en parler. Aux environs de la fin de ce mois
ou début octobre, l’Iran disposera de suffisamment d’uranium enrichi à
20% pour fabriquer sa première bombe, surpassant ainsi
n’importe quelles « lignes rouges » et les rendant inopérantes.
Sentant
ce moment fatidique approcher, Netanyahou a appelé à la tenue d’une
réunion spéciale du cabinet, mardi 4 septembre, avec la
participation des chefs des services clandestins d’Israël, du
renseignement militaire, du Mossad, du Shin Bet et de la Division de
Recherche du Ministère des affaires étrangères, pour écouter
leur rapport annuel. Cette rencontre durera probablement tout au
long de la journée, avec des mises à jour des renseignements sur la
situation en Syrie, en Egypte, en Jordanie – tous sujets qui
sont prépondérants. Mais la priorité de cet agenda sera certainement
un aperçu détaillé de l’état actuel d'avancée du programme nucléaire
iranien.
Après ce tour d’horizon, le Premier ministre et le ministre de la défense franchiront le cap de la phase finale pour prendre les
décisions qui s’imposent, s’agissant de la guerre avec l’Iran.
A ce moment crucial, dont le timing est parfaitement calculé, Petraeus doit atterrir en Israël.
Bien que les opposants de Netanyahou et Barak se font forts de les dépeindre comme des aventuriers irresponsables, prêts à jouer avec la vie des Israéliens, c’est désormais le Guide Suprême de l’Iran, l’Ayatollah Ali Khamenei, qui a défini les règles de ce jeu, consistant à oser abattre ses meilleures cartes.
Les
lignes rouges qu’il a ordonné au chef du Hezbollah, la milice libanaise
supplétive de l’Iran, de délimiter, sont sans la moindre
ambiguïté et conçues pour passer allègrement par-dessus la série de
mesures que les Etats-Unis prévoyaient de mettre en place pour éviter la
guerre dans le court terme, de façon à « empêcher
une attaque israélienne, tout en contraignant les Iraniens à
entreprendre des négociations plus sérieuses… ».
Le discours de Nasrallah a défini clairement le scénario de la première étape de la guerre à venir : « « Si Israël
prend l’Iran pour cible, l’Amérique en porte la responsabilité », a-t-il déclaré à la Télévision Al Mayadeen basée à Beyrouth, lundi soir. « Une décision de répliquer a été
prise à Téhéran et cette réplique sera de très grande ampleur », a-t-il dit, en citant « des responsables iraniens ».
Nasrallah a envoyé un triple message de Téhéran à Washington et Jérusalem :
1. L’Iran est persuadé qu’une attaque israélienne aura lieu avant les élections présidentielles américaines du 6 novembre.
2.
Téhéran mise sur une dissuasion puissante : Si jamais quiconque
s’attendait à des représailles modérées de l’Iran à une
attaque sur ses installations nucléaires, le dirigeant du Hezbollah
les a remis d’aplomb lorsqu’il leur fait savoir que : « la réponse sera
de grande envergure » et que
« l’Amérique en sera tenue pour responsable ».
3. En
envoyant Nasrallah en première ligne, en tant que porte-parole iranien
de tout premier plan, Khamenei a voulu rendre palpable
que le Hezbollah tiendra un rôle très actif dans le conflit à venir.
DEBKAfile: Les jacasseries des derniers jours autour de la notion de “lignes rouges” ont, par conséquent, eu pour seul effet d’amener les Iraniens à anticiper de frapper d’un coup unique et foudroyant.