jeudi 19 septembre 2013

L’Occident nourrit toujours le dessein d’attaquer la Syrie


© Collage : La Voix de la Russie

Par La Voix de la Russie | Le siège de la confrontation autour de la Syrie s’est déplacé en milieu de semaine au Conseil de sécurité de l’ONU. Les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne, malgré le récent accord russo-américain, tentent à nouveau d’obtenir du Conseil de sécurité une résolution extrêmement dure sur la Syrie. Washington, Paris et Londres ont déjà élaboré un projet de document stipulant l’usage de la force contre Damas s’il ne remplit pas ne fût-ce qu’un seul point du plan russo-américain de mise sous contrôle international des armes chimiques syriennes. Ce projet de résolution devrait être soumis au Conseil de sécurité d’ici la fin de la semaine.

Les tentatives de manipulation par les partenaires occidentaux des conclusions du dernier rapport des experts de l’ONU sur l’utilisation des armes chimiques près de Damas le 21 août étaient si évidentes que Moscou a dû faire toute une série de déclarations inhabituellement dures concernant la Syrie.

La Russie considère comme « malvenues et irresponsables » les tentatives d’imputer sans preuve toute la responsabilité de l’utilisation des gaz toxiques en Syrie au régime d’al-Assad. Dans une déclaration spéciale, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Alexandre Loukachevitch a indiqué que cela avait pour unique but « d’exonérer l’opposition de toute responsabilité ».

Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov, actuellement à Damas, a qualifié cette approche de « politisée, partisane et unilatérale ». Selon le diplomate russe, le rapport est « sélectif », « ne tient pas compte des circonstances » et ne donne pas une image complète de ce qu’il se passe en Syrie. Il ajoute que les autorités syriennes ont fourni à la Russie de nouvelles preuves matérielles de l’utilisation d’armes chimiques par l’opposition. Enfin, Vitali Tchourkine, l’ambassadeur russe auprès de l’ONU, a demandé que les inspecteurs de l’ONU retournent en Syrie afin d’étudier les incidents impliquant des armes chimiques à Alep en mars dernier et près de Damas les 23, 24 et 25 août.

Plusieurs experts russes sont convaincus que la nouvelle « attaque » contre la Syrie au Conseil de sécurité est une tentative cachée des États-Unis, de la France et de la Grande-Bretagne pour chasser la Russie de sa position de leader dans le règlement de la question syrienne. L’initiative du président Vladimir Poutine concernant les armes chimiques en Syrie a clairement pris Washington au dépourvu et a fortement terni la réputation internationale du président américain Barack Obama, selon Semion Bagdassarov, éminent spécialiste russe du Proche-Orient.

« Je pense qu’il y aura encore de nombreuses provocations sur la Syrie, que ce soit en ce qui concerne les armes chimiques ou dans d’autres domaines. L’opposition organise régulièrement en Syrie des massacres de chrétiens, de Kurdes et d’alaouites (l’alaouisme est une branche du chiisme dont fait partie le clan al-Assad). Il y aura peut-être demain une autre provocation dont Damas sera accusé. L’Occident va encore chercher des possibilités de revenir à une intervention armée, parce que sans aide de l’Occident, l’opposition syrienne ne pourra résoudre aucun des problèmes auxquels elle doit faire face. »

Vouloir rendre le régime syrien et Moscou responsables de tout cela n’est rien d’autre qu’un grand jeu politique autour de la Syrie. En fait, les États-Unis devraient être reconnaissants envers la Russie d’avoir proposé la mise sous contrôle de l’arsenal chimique syrien, ce qui a pratiquement sauvé le président Obama d’une nouvelle guerre. Le Congrès et presque 70 % des Américains sont hostiles aux frappes.

« En réalité, l’Occident ne veut pas s’ingérer militairement dans le conflit syrien. Il souhaite cependant que le conflit armé en Syrie se prolonge le plus longtemps possible parce que, de cette façon, il résout en partie le problème du fondamentalisme islamique en Europe. Les islamistes européens vont se battre en Syrie et y mourir. Et, deuxième point, toutes les armes, dont certaines sont chimiques, volées dans les stocks libyens par l’opposition sont détruites à grande échelle par les troupes de Bachar al-Assad. Cela diminue encore plus le niveau de la menace terroriste pour l’Occident », a expliqué Sergueï Demidenko, analyste de l’Institut d’analyse et d’évaluation stratégiques.

Les conclusions des experts russes soulignant la volonté de l’Occident de faire durer la guerre sont confirmées par la dernière interview de Barack Obama accordée à la chaîne américaine hispanophone Telemundo, diffusée le 18 septembre. Le président a alors dit que le résultat final de l’accord sur la destruction de l’arsenal chimique syrien devrait être la chute du pouvoir en Syrie : « Il est difficile d’imaginer que la guerre civile puisse faiblir tant qu’al-Assad est au pouvoir. » Le président Bachar al-Assad a plusieurs fois déclaré que seul le peuple syrien était compétent pour résoudre ce problème.