Par Esther Grève
Alors que l’Etat d’Israël a commémoré la catastrophe de la Shoah ce lundi, marquée dans le calendrier hébraïque par « Yom HaShoah », le jour de commémoration en mémoire des victimes de la Shoah et des héros de la Résistance juive pendant la Seconde Guerre mondiale, il se trouve que les événements de cette semaine mettent en lumière combien Israël et les Juifs sont toujours menacés.Il s’agit tout d’abord de la question du nucléaire iranien. Mahmoud Ahmadinejad annonce depuis des années son intention d’exterminer les Juifs rassemblés en Israël. Le Président israélien Shimon Pérès a ainsi déclaré au cours de la cérémonie officielle de commémoration : « Le monde civilisé doit se demander comment il est arrivé si vite aux crématoriums », et a mis en garde contre les dirigeants iraniens qui « nient l’Holocauste ». Et la visite au Moyen-Orient du secrétaire américain à la Défense, John Kerry, peut résumer la situation qui prévaut : tandis que les grandes puissances mènent la même politique d’apaisement que les Alliés d’alors face à la menace nazie, en se bornant à perpétuer le cycle des négociations, John Kerry assure Israël que « Nous serons, ainsi que le monde entier, aux côtés d’Israël face à la menace iranienne ». Mais les pourparlers entre l’Iran et les grandes puissances qui viennent de s’achever ont été jugées lundi avoir « assez de substance pour que ces négociations continuent » selon un diplomate occidental ; or, Mahmoud Ahmadinejad a déclaré mardi devant l’Organisation iranienne de l’énergie atomique : « Ils ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour empêcher l’Iran de maîtriser le nucléaire, mais l’Iran maîtrise le nucléaire »… Netanyahou déclarait à Yom HaShoah lors d’une année précédente : « Tous les peuples du monde, de toutes cultures, tous ceux qui disent qu’ils ont appris les leçons de l’Holocauste, doivent condamner sans équivoque ceux qui appellent à l’anéantissement de l’État Juif. L’Iran se dote d’armes dans le but de s’acquitter de cette mission destructrice et le monde ne l’a pas encore arrêté. La menace sur notre existence ne peut être balayé, elle est en face de nous, et c’est maintenant que l’humanité se doit de l’arrêter. »
Et ce qui fait de la mémoire de la Shoah une nécessité est deuxièmement la montée de l’antisémitisme à un niveau mondial. A Budapest, une manifestation antisémite était prévue, tombant le jour de Yom HaShoah, organisée par le groupe « Give gas » (« Mets du gaz ! »), et elle n’a été annulée qu’à la suite de protestations, notamment d’organismes juifs ! Cet événement s’ajoute aux nombreux autres, qui poussent la Conférence des rabbins d’Europe à dire que l’Europe « se tait à nouveau » face à l’antisémitisme. « En France, sous le président François Hollande, nous assistons à nouveau à une montée de l’antisémitisme. En Hongrie et en Grèce, les néo-nazis relèvent la tête », a déclaré le rabbin Pinhas Goldschmidt. Et d’après un rapport de l’université de Tel-Aviv et du Congrès juif européen, les actes violents de nature antisémite dans le monde ont augmenté de 30 % en 2012 par rapport à l’année 2011. Enfin, au boycott des Juifs des années de l’Allemagne nazie se substitue le boycott d’Israël : en Irlande, un important syndicat d’enseignants a voté le boycott universitaire du pays, invitant ses 14 500 membres à rompre toute collaboration universitaire et culturelle avec Israël.
La visite au Moyen-Orient du secrétaire américain à la Défense, John Kerry, accélère les discussions concernant le processus de paix israélo-palestinien. John Kerry a déclaré : « Je pense que si nous pouvons satisfaire les besoins de sécurité d’Israël, et ils sont réels… Je pense que si nous pouvons satisfaire les aspirations des Palestiniens à un Etat, et ils sont réels… Nous pourrons parvenir à une situation dans laquelle il sera possible de faire la paix ». Le Guatemala vient d’ailleurs de reconnaître l’Etat palestinien. L’Autorité palestinienne a déclaré pour sa part que « sans accord pour un retour aux frontières de 1967, il n’y aura pas de retour à la table des négociations » et réclame qu’Israël dresse une carte précise des frontières pour reprendre les négociations. Israël a rejeté cette semaine cette condition préalable. Concernant les affaires palestiniennes intérieures, les désaccords entre Mahmoud Abbas et le Premier ministre, Salam Fayyad, ont poussé ce dernier à présenter sa démission.
L’affaire des excuses israéliennes concernant l’affaire du Mavi Marmara se poursuit. Les familles des terroristes abattus par les soldats israéliens refusent toute indemnisation : « Nous ne discuterons pas d’éventuels dommages et intérêts ni ne renoncerons au procès tant que le blocus de Gaza ne sera pas levé »… Et le dialogue israélo-turc de ces derniers jours aboutit à des discussions pour une reprise des contrats militaires entre les deux pays.
La Corée du Nord est toujours cette semaine au cœur des préoccupations. Elle a positionné un deuxième missile de moyenne portée sur la côte Est, faisant craindre un tir imminent. Le Japon a pour sa part déployé des missiles Patriot dans le centre de Tokyo. La Corée du Sud et les Etats-Unis se préparent aussi à toute éventualité. En Iran, le chef d’état-major adjoint des forces armées a déclaré que « les puissances arrogantes et hégémoniques sont le principal facteur des tensions et des crises régionales et mondiales », clamant que « le peuple et le gouvernement nord-coréens, qui ont été toujours l’objet des menaces et de l’hégémonie des Etats-Unis et de l’arrogance considèrent comme leur droit naturel de doper leurs capacités de dissuasion et d’exposer leur puissance défensive face à l’ennemi »…
La situation des chrétiens coptes en Egypte devient toujours plus alarmante. Au Caire, des affrontements interconfessionnels ont fait 4 morts et 6 blessés vendredi dernier. Et lors des obsèques de ces 4 personnes à la cathédrale Saint-Marc du Caire, ayant rassemblé plusieurs milliers de coptes dans le deuil, ceux qui d’entre eux qui se préparaient à une manifestation en direction du ministère de la Défense ont été attaqués par des cocktails Molotov ; de nombreux chrétiens se sont alors réfugiés à l’intérieur de la cathédrale dont les portes ont été défoncées, et l’attaque a causé la mort de 2 personnes, et fait 89 blessés. Alors que le ministère de l’Intérieur commençait à dire que les chrétiens avaient causé les affrontements, le Président Morsi a affirmé qu’une enquête avait été ouverte. Des enquêtes sont ouvertes, mais l’on sait que les assaillants s’en tirent toujours avec des peines légères, ou sont acquittés, et que la police reste immobile face aux agressions contre les coptes… Des milliers de personnes ont par ailleurs manifesté dans tout le pays samedi soir contre Mohamed Morsi.
Concernant le conflit syrien, l’aile irakienne d’Al Qaïda a annoncé que le Front al Nousra – le groupe le plus influent de la rébellion syrienne – est une de ses émanations : « Le moment est venu de déclarer au peuple du Levant et au monde que le Front al Nousra n’est rien d’autre qu’une extension de l’Etat islamique d’Irak et qu’il en fait partie », a déclaré le chef de file du mouvement. Ce mouvement, Front al Nousra, a dans la foulée prêté allégeance au chef d’Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri (et il a par ailleurs posé une bombe contre le Hezbollah à Beyrouth cette semaine)… Une autre des principales forces de la rébellion s’est insurgée contre cette allégeance, et a rejeté l’appel d’Al-Qaïda à établir un Etat islamique en Syrie. Les Comités locaux de coordination (LCC) « rappellent que la révolution a été lancée pour instaurer la liberté, la justice et un Etat démocratique, pluraliste et civil ».
Au Liban, le député de l’opposition pro-occidentale, figure de consensus, a été nommé samedi Premier ministre. L’Arabie Saoudite est en train de dresser une barrière de sécurité à sa frontière avec le Yémen pour lutter contre les incursions terroristes. Au Pakistan, des affrontements entre l’armée et des islamistes ont causé plus de 133 morts. Au Bangladesh, des milliers d’islamistes ont manifesté dans la capitale en faveur de la peine de mort pour tous ceux qui insulteraient l’islam.
Il se trouve qu’un séisme de magnitude 6,3 a touché mardi la région de la centrale nucléaire de Bousher en Iran, aussi ressenti en Arabie saoudite et dans les émirats du Golfe… Cette secousse se solde par 37 morts et 850 blessés, et de gros dégâts ; la centrale nucléaire n’a pas été touchée. Un séisme de magnitude 7,2 a aussi frappé l’Indonésie.
Au Texas, 14 personnes ont été poignardées sur le campus d’une université.
L’Inde a réussi cette semaine le lancement d’un missile d’une portée de 2000 km, susceptible d’être doté de têtes nucléaires. L’hebdomadaire The Economist signale d’ailleurs que la puissance militaire de l’Inde grandit rapidement : elle est devenue le premier importateur d’armes au monde.
Face aux ravages de la guerre et des tueries ethniques, la Conférence internationale sur le Darfour a annoncé débloquer 3,6 milliards de dollars en faveur d’un programme de développement.
S’agissant de l’engagement français au Mali, une vaste opération, « Gustav », a commencé lundi pour une traque des islamistes. C’est l’une des plus importantes au plan des effectifs (un millier d’hommes) et du matériel déployé. Al-Qaïda a de son côté averti dimanche que la France connaîtra au Mali « le même sort que l’Amérique en Irak et en Afghanistan ».
En Europe, un triple suicide a choqué cette semaine toute l’Italie, provoqué par les difficultés financières que rencontrent les Italiens. Romeo Dionisi, 62 ans, et son épouse Anna Maria Sopranzi, 68 ans, se sont pendus à Civitanova Marche, et en apprenant le suicide, le frère d’Anna Maria Sopranzi, âgé de 72 ans, s’est donné la mort par noyade. L’Italie tente toujours de se doter d’un gouvernement qui la fera sortir de la récession. Le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, a déclaré samedi que le mode de sauvetage financier de l’île Chypre était « exceptionnel » mais que les grands déposants en Europe (au-dessus de 100 000 euros de dépôts) pourraient être mis à contribution en cas de faillite d’une banque au sein de la zone euro.
Concernant le mariage homosexuel, l’église anglicane s’est prononcée contre la bénédiction des couples homosexuels ; l’Uruguay est devenu pour sa part le deuxième pays à majorité catholique d’Amérique du Sud à se prononcer en faveur du mariage homosexuel, et le douzième pays au plan mondial ; le parlement a voté à 71 voix sur 92 voix en faveur. Et le Sénat français a validé l’article clé du projet de loi du mariage pour tous à 179 voix contre 157, supprimant la nécessité de la différence de sexe ouvrant le droit au mariage. Enfin, l’actualité française est aussi marquée par l’affaire Cahuzac (Jérôme Cahuzac, socialiste ex-ministre du Budget, a possédé un compte en banque dissimulé en Suisse pour échapper au Fisc et a menti aux instances de la République) et par la démission du grand rabbin Gilles Bernheim, suite à son aveu concernant plusieurs plagiats et un mensonge sur un diplôme d’agrégation de philosophie. Il symbolisait en France un judaïsme d’ouverture.
Source: www.lespoir.fr