vendredi 26 juillet 2013

La sécurité d'Israël de plus en plus menacée par l'évolution de la guerre en Syrie

Selon Debkafile, journal israélien proche des milieux militaires, le chef de l'IDF (military intelligence), le major général Aviv Kochavi, vient d'expliquer le 23 juillet devant des élèves officiers que la Syrie était devenu un champ de bataille global pour Al Qaida.

Des milliers de combattants se référant à la mouvance djihadiste y affluent en provenance du monde entier. L'objet leur but est d'y créer un état islamique, comme ils s'efforcent de le faire en Afghanistan, au Pakistan et au Yémen. Le péril se rapproche, menaçant Israël, le Liban, la Jordanie et le Sinaï (Egypte). (http://www.debka.com/article/23141/IDF-faces-oncoming-Al-Qaeda-tide-on-three-Israeli-borders-Golan-Lebanon-Sinai)

Toujours selon Debkafile, le message avait été repris à l'ONU par Robert Serry, coordinateur pour le processus de paix au sein du Conseil de Sécurité. Ce même message avait été transmis à Washington le 17 juillet lors d'une rencontre du général Kochavi avec des chefs militaires américains. Obama reste pour le moment sans réactions...

Le point de vue des Israéliens paraît clair. L'Amérique n'attaquera jamais Bachar Al Assad. Le coût de la guerre nécessaire pour provoquer son renversement serait d'environ (estimé par le Gal Dempsey, chef d'état major, lui-même) 1 milliard de dollars par mois. Le Congrès n'acceptera jamais une telle dépense. Ce d'autant plus que les Etats-Unis n'ont en pratique pas les moyens militaires de mener une telle action. Israël et ses alliés américains ont donc jusqu'à présent perdu leur temps en laissant penser qu'une action contre Bachar Al Assad était envisageable, tout en laissant s'installer au sein de l'opposition à celui-ci une renaissance d'Al Qaida dont le monde entier découvre désormais les ambitions et le danger.

Il ressort de l'article que, tant pour la sécurité d'Israël que pour celle des Etats voisins, ce serait une campagne contre les forces djihadistes installées en Syrie qui s'imposerait d'urgence. Tout retard rendra la situation inextricable. Ce point de vue recoupe presque exactement celui que nous exprimions ici (Qu'attendent les Européens pour soutenir officiellement Bachar Al Assad ?http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=1141&r_id=) . Quels que soient les sentiments que l'on puisse éprouver dans l'absolu vis-à-vis du régime de Bachar Al Assad, celui-ci représente un moindre mal. Il faut donc non seulement cesser de le combattre, mais négocier avec lui pour qu'en échange d'un soutien sérieux, il consente à redevenir fréquentable (cesser les offensives contre les populations civiles, cesser de brandir le recours aux armes chimiques, etc.)

Israël ne peut évidemment conduire ce changement de stratégie. Mais les Américains, soutenus par les Européens (s'il existait un minimum de diplomatie européenne), le pourraient évidemment. Une action contre les djihadistes de Syrie ne serait pas facile, mais serait possible, comme la France l'avait montré au Mali. Il faudrait par ailleurs obtenir des princes saoudiens de cesser de se comporter en irresponsables, c'est-à-dire cesser d'alimenter la rébellion en mercenaires, armes et dollars.

Une telle action serait un préalable à la reprise du processus de paix, dont Obama vient de se vanter, et qui n'aurait évidemment aucun sens si Israël dans l'intervalle se voyait attaquer à ses frontières. Or pour l'Amérique, comme pour les Européens, quels que soient les reproches que l'on puisse formuler à l'égard d'Israël, sa survie face aux menaces qui se préciseront si rien n'est fait constitue un impératif non seulement politique mais moral.

D'où la nécessité du réalisme à l'égard de Bachar Al Assad que nous évoquions dans notre article, et que semblent partager les Russes, acteurs incontournables dans la région.