samedi 21 juin 2014

La guerre en Irak n’est pas finie


© Photo : Flickr.com/The U.S. Army

Par La Voix de la Russie | Washington se déclare prêt à porter des frappes ponctuelles contre les combattants islamistes en Irak, annonce le président Obama. Mais les bombardements n’auront pas lieu prochainement, précise l’administration américaine. Il s’agit pour l’instant de l’intensification des missions de reconnaissance et de l’envoi sur le terrain de 300 soldats des forces spéciales qui conseilleront et appuieront les forces de sécurités locales. Les experts russes rappellent en cette relation que l’invasion américaine de l’Irak et d’autres pays avait déjà conduit à des conséquences négatives et que cette situation peut se répéter.

A la fin de 2001 Barak Obama avait officiellement annoncé la fin de la mission militaire américaine « Liberté pour l’Irak ». C’était un chapitre important dans l’histoire tant des États-Unis que de l’Irak mais le temps est venu de tourner la page, avait alors déclaré le leader américains. Or, les derniers événements sanglants en Irak montrent en toute évidence que le temps de tourner la page n’est pas encore venu.

L’offensive des combattants sunnites du groupement radical EIIL (État islamique en Irak et au Levant) se poursuit depuis le début du mois, Ils ont déjà occupé plusieurs villes importantes et avancent en direction de Bagdad. Les militaires irakiens entraînés par les conseillers américains n’ont pu leur opposer aucune résistance. Ils ont fui en jetant leurs armes. Certains ont été faits prisonniers par les djihadistes qui en ont fusillée 1700 dans le courant de la semaine. Les islamistes sont soutenus par les sunnites irakiens et les kurdes qui ont une dente contre le gouvernement chiite mis en place par les États-Unis.

L’Offensive de l’EIIL marque l’échec total de la politique occidentale au Proche-Orient et ce sont les États-Unis qu'en assument une responsabilité écrasante, estime Sergeï Mikheev, directeur général de Centre de conjoncture politique :

Les États-Unis ont précipité tout le Proche-Orient dans un bain de sang qu’ils font passer pour le triomphe de la démocratie. Non content de déboulonner Saddam Hussein et de mettre tout au long de ces années en place la soi-disant « démocratie » en Irak, ils ont soutenu les djihadistes de l’EIIL qui marchent actuellement sur Bagdad. Ces hommes ont fait la guerre en Syrie contre Bachar Assad avec la bénédiction des États-Unis et de l’Europe qui n’avaient de cesse de les bichonner. Ce sont eux qui ont maintenant décidé de destituer le gouvernement pro-américain à Bagdad. Il s’agit au minimum d’une erreur sanglante commise par les Américains et, au maximum, de la poursuite de la même aventure. En effet, plus de gens se font tuer et plus grande est l’instabilité qui fait le jeu des Américains.

La Russie avait plus d’une fois prévenu les États-Unis des conséquences désastreuses de l’invasion de l’Irak. Le président Poutine disait encore en mars 2003 que « le guerre serait longue et cruelle » mais Washington fait alors tout pour convaincre l’opinion internationale que l’Irak fabriquait des armes d’extermination massive. Colin Powell qui occupait alors le poste de secrétaire d’État avait même présenté une éprouvette qui contiendrait l’échantillon d’une substance qui aurait été utilisée par Bagdad pour fabriquer lesdites armes. Les armes en question se sont avérées introuvables mais l’Irak est actuellement confronté à une menace de désintégration plus que réelle.

La nouvelle campagne militaire des États-Unis en Irak peut conduire aux conséquences au moins aussi tragiques, estime Léonid Issaev, professeur de la chaire de politologie du Haut collège d’économie :

Premièrement, le grand danger réside dans le fait que l’Irak peut cesser d’exister dans ses frontières actuelles et se désintégrer. Deuxièmement, cela déstabilise la situation en Syrie voisine qui résiste aux assauts des djihadistes uniquement grâce au soutien du Liban et de l’Iran. C’est une situation très dangereuse pour l’ensemble du Proche-Orient.

Le MAE russe a prévenu que toute intervention militaire ne pouvait être autorisée que par le Conseil de Sécurité de l’ONU. Les États-Unis ont fait valoir pour toute réponse qu’ils avaient le loisir de porter unilatéralement des frappes aériennes à la demande de Bagdad. Cette demande leur est déjà officiellement acquise. Si les événements prenaient cette tournure, les conséquences seraient imprévisibles pour toute la région proche-orientale.

Source:,french.ruvr.ru/2014_06_21/La-guerre-en-Irak-n-est-pas-finie-4554/