La préfecture a déclenché jeudi matin à 9 heures le niveau de vigilance du dispositif Orsec au piton de la Fournaise.
L’accès au volcan reste autorisé, même si les randonneurs sont invités à la prudence, car la sismicité enregistrée depuis plusieurs jours par l’observatoire volcanologique pourrait entraîner des effondrements des bords internes du cratère Dolomieu. Cette sismicité, sans doute liée à des remaniements internes sous le sommet, n'est pas pour l'instant annonciatrice d’une prochaine éruption.
Après trois ans et demi sans éruption, le piton de la Fournaise est-il en train de se réveiller ?
Depuis le début de la semaine, l’observatoire volcanologique constate une augmentation croissante de la sismicité, qui a atteint le nombre d'une soixantaine. La préfecture a décidé de ce fait d’activer hier matin à 9 h le niveau de vigilance du nouveau dispositif Orsec spécifique volcan piton de la Fournaise.
Pour autant, rien ne permet d’affirmer pour l’instant qu’une éruption se prépare de façon imminente, et le mot ne figure d’ailleurs pas dans le communiqué de la préfecture diffusé hier. Cette dernière souligne cependant qu’une "telle sismicité peut engendrer des effondrements des bords internes du Dolomieu et entraîner une évolution de la situation dans les jours à venir".
Valérie Ferrazzini, sismologue à l’observatoire volcanologique, explique la situation : "Pour moi, c’est le fond du cratère Dolomieu qui descend et qui "craque". Avec les différentes éruptions survenues dans le cratère après son effondrement en 2007 [formant un gouffre de plus de 300 mètres de profondeur], il y a un empilement de laves qui repose sur un fond mal consolidé lui-même et cela ne m’étonne pas que cela se mette à bouger.
Les séismes que nous enregistrons sont localisés entre 500 et 1 000 m au-dessus du niveau de la mer, ce qui est trop haut par rapport à ce que nous devrions avoir s’il y avait du magma qui montait."
Philippe Kowalski, directeur adjoint de l’observatoire, précise pour sa part que le réseau de surveillance du piton de la Fournaise n’enregistre aucune déformation qui accréditerait la mise en place de magma : le volcan ne gonfle pas actuellement, les seules très légères déformations observées sont dues aux séismes de ces derniers jours.
Évolution possible de la situation
Ces séismes, dont certains atteignent une magnitude 2, sont en revanche capables de provoquer des effondrements des bords du cratère Dolomieu ou de ses parois internes, comme il s’en produit en permanence en temps normal déjà, mais plus importants en volume. D’où l’appel à la prudence lancé aux randonneurs par la préfecture, qui leur recommande de rester sur les sentiers balisés : ces derniers sont en principe tracés à l’écart des zones menacées… même si le belvédère sur le cratère est pour sa part situé au bord du vide, dans la zone la moins sensible de son pourtour… théoriquement.
Depuis l’effondrement de 2007, la quasi-totalité de sa circonférence est entaillée de profondes et larges fissures qui délimitent des compartiments entiers voués à disparaître un jour ou l’autre dans le gouffre. Indiscutable sur les photos aériennes, la réalité du risque échappe cependant à la plupart des randonneurs qui circulent hors sentiers en dépit des évidences géologiques qu’ils ont sous les yeux.
Il n’est pas exclu cependant que la situation puisse évoluer, précise Valérie Ferrazzini : "Il n’y a pas de crise sismique pour l’instant, mais peut-être ces séismes vont-ils faire réagir du magma", c’est une hypothèse à ne pas écarter néanmoins.