Khamenei rejette les discussions avec Washington
Le Guide Suprême d’Iran, l’Ayatollah Ali Khamenei a refusé l’offre américaine de pourparlers en face-à-face à propos de son programme nucléaire, jeudi 7 février, juste 24 h après que le Secrétaire à la défense américaine, Léon Panetta ait annoncé que, du fait de contraintes budgétaires, les Etats-Unis ne pourraient maintenir qu’un seul et non deux, groupe de porte-avions d’assaut dans le Golfe Persique, et qu’il avait annulé le départ d’un second porte-avions, l’USS Harry S. Truman.
Dans un discours diffusé sur son site internet, l’Ayatollah a accusé les Etats-Unis de proposer des négociations, tout en “braquant un pistolet sur la tempe de l’Iran”.
Samedi, le Vice-Président américain Joe Biden suggérait des discussions directes – distinctes du cadre de discussions internationales plus larges, prévues pour le 26 février, au Kazakhstan, avec les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU, plus l’Allemagne. Aucune négociation précédente de ce format, au cours des années antérieures, n’a jamais produit de percée majeure.
Biden affirmait que Washington était prêt à des discussions directes avec l’Iran « dès que le cercle dirigeant iranien, soit son Guide Suprême, sera sérieux ». « Cette offre tient toujours », a-t-il dit, plus tard, « mais cela doit se concrétiser par des avancées réelles et tangibles et il doit y avoir un calendrier dont ils sont préparés à parler. Nous ne sommes pas prêts à le faire juste pour un pur exercice de style », a-t-il affirmé.
Mais l’Ayatollah a, de son côté, déclaré que de telles négociations « ne résoudraient rien ». Il a ajouté : « Vous tenez un pistolet pointé sur l’Iran, en disant que vous souhaitez discuter. La nation iranienne ne se laissera pas impressionner par des menaces ».
Mercredi, les Etats-Unis ont élargi le train de sanctions contre l’Iran pour resserrer encore les restrictions sur la capacité de Téhéran à dépenser ses subsides tirés du pétrole.
L’annulation du départ du Harry Truman pour le Golfe ne laisse qu’un unique porte-avion américain pour toute la vaste région navale du Golfe Persique, de la Méditerranée et les zones sud de l’Océan Indien bordant l’Afrique, rapportent les sources militaires de Debkafile, et aucune présence de flotte américaine face à la Syrie.
Le rejet, par Khamenei, de la dernière offre de pourparlers directs, émise par Washington, a fait suite à la nouvelle interdiction des Etats-Unis, imposée mercredi, sur le transfert vers les coffres forts iraniens, des revenus tirés des exportations de pétrole iranien. Cet argent ne sera, désormais, disponible que pour l’achat de produits dans les pays de destination du pétrole iranien.
Des responsables américains de haut-rang ont affirmé que cette sanction réduirait significativement la liberté de manœuvre de l’Iran pour utiliser à volonté ses revenus du pétrole.
Khamenei ne l’a pas dit de façon directe, mais son rejet de dialogue avec Washington était, sans aucun doute, influencé également par le projet de visite du Président américain en Israël. Par le biais de cette métaphore évoquant « un pistolet braqué sur l’Iran », le dirigeant iranien ne faisait pas que réagir aux nouvelles sanctions ; il ripostait aussi à l’insistance dans l’annonce de la Maison Blanche, sur le fait que les discussions du Président avec le Premier Ministre Binyamin Netanyahou, seraient centrées sur l’Iran et la Syrie – comme l’a rapporté Debkafile, mercredi.
On s’attend à ce qu’Obama et Netanyahou s’entretiennent de l’option militaire que les deux gouvernements ont en réserve pour traiter du programme nucléaire iranien.
Le refus de négociations en face-à-face, de la part de Khamenei n’annule pas pour autant les discussions internationales prévues pour se dérouler au Kazakhstan. Cela les rend, en réalité, plus inutiles que jamais.
DEBKAfile Reportage Spécial 7 Février 2013, 3:55 PM (GMT+02:00)
Adaptation : Marc Brzustowski.