mercredi 5 mars 2014

Crimée : la Turquie cherche à se positionner dans la péninsule


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Par La Voix de la Russie | La Turquie commence à jouer un rôle plus actif dans le développement de la situation autour de l’Ukraine.

Les intérêts d’Ankara concernent surtout la Crimée où, d’après le recensement de 2001, habitent plus de 10 % (environ 250 mille personnes) des Tatars de Crimée.

La position officielle du gouvernement turc est toujours l’appel au règlement politique de la crise ukrainienne et le maintien de la paix et de la stabilité en Crimée. Mais au niveau inférieur, on voit les tentatives d’Ankara pour mener son propre jeu, en misant sur la carte des Tatars de Crimée.

« La Turquie a initialement construit un modèle économique orienté vers l’exportation. Dans la structure des échanges commerciaux extérieurs, les pays européens sont les partenaires numéro un, 65 % du volume global leur appartiennent. Mais la crise économique et financière en UE a provoqué une diminution de ce marché. La Turquie doit sauver son économie nationale et sa géopolitique »,explique Stanislav Tarassov, directeur du centre de recherches Proche-Orient-Caucase:

En Crimée, on suit avec anxiété l’implication grandissante de la Turquie dans les affaires de la péninsule : trop souvent, les leaders turcs disent une chose et agissent autrement. D’autre part, il ne faut pas surestimer l’indépendance de la Turquie et de sa politique étrangère. Ce pays agit dans le cadre d’un système compliqué de coordonnées géopolitiques définies par les Etats-Unis et l’OTAN, a rappelé à La Voix de la RussieIrina Zwiagelskaya, experte de l’Institut d’études orientales.

« Les facteurs qui poussent Ankara à mener une politique plus active au Proche-Orient et dans l’espace postsoviétique sont clairs. C’est le désir de jouer un rôle géopolitique plus actif, de souligner le rôle particulier de la Turquie dans le monde islamique. Mais la politique turque a une marge d’action restreinte : la Turquie est le flanc sud de l’OTAN, et elle entretient des relations particulières avec les Etats-Unis. »

Dressant le bilan, nous soulignerons ceci : il est peut souhaitable que les états d’esprit belliqueux triomphent à Ankara (là, on a déjà évoqué le blocus militaire éventuel de la Crimée et la fermeture des détroits de la mer Noire). C’est qu’un tel développement des événements porterait un coup dur aux aspects importants de la coopération russo-turque dans la sphère énergétique, économique, commerciale et autre. Il nuirait aux contacts fructueux des deux Etats dans le cadre de l’Organisation de Coopération de Shanghai et du G20. Donc, il jouerait un rôle négatif justement dans le contexte de l’économie et du commerce extérieur dont les leaders turcs semblent tant se soucier.