samedi 3 août 2013

Résumé de l’actualité du 27 Juillet au 2 août 2013

Par Esther Grève

Résumé de l’actualité

Le Moyen-Orient offre plus que jamais un visage chaotique, avec les informations qui nous parviennent encore cette semaine. Ce sont dans plusieurs villes d’Egypte que se sont encore déroulées vendredi dernier des manifestations pro- et anti-Morsi. Les luttes et affrontements n’ont fait pas moins de 120 morts (en grande partie parmi les Frères musulmans) dans la nuit de vendredi à samedi derniers, et près de 4500 blessés, sur la place Rabia al-Adawiya au Caire, opposant les forces de police et les partisans de l’islamiste Mohamed Morsi. C’est la confrontation la plus meurtrière depuis la destitution de ce dernier qui est toujours gardé dans un lieu tenu secret par l’armée (la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a d’ailleurs pu le rencontrer cette semaine). La diplomatie occidentale a été très active cette semaine pour tenter de concilier les nouveaux chefs du gouvernement égyptien et les nouveaux opposants, les Frères musulmans. Le chef de la diplomatie allemande, Guido Westerwelle, parle de situation « très explosive ». La France a appelé à la libération de Morsi et des autres « prisonniers politiques », et appelle à ce que « le régime qui s’est installé retourne le plus vite possible vers une approche démocratique et refuse les violences ».

Les Etats-Unis se sont pour leur part enfin prononcé sur les événements. Appelant toutefois les forces de l’ordre à respecter les manifestations, John Kerry a récusé la version du coup d’Etat, affirmant : « l’armée n’a pas pris le pouvoir, d’après ce que nous pouvons en juger, jusqu’à présent. Pour conduire le pays, il y a un gouvernement civil. En fait, elle rétablissait la démocratie », déclarant aussi : « Des millions et des millions de gens ont demandé à l’armée d’intervenir. Tous avaient peur d’une descente dans le chaos et la violence ». Beaucoup de responsables occidentaux ou d’organisations appellent pour leur part les autorités égyptiennes à respecter les manifestations des Frères musulmans.

En Tunisie, un opposant politique, Mohamed Brahmi, a été criblé de balles en plein jour à Tunis le 25 juillet, et des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées pour ses funérailles dans les rues de Tunis. Il était chef du Mouvement Populaire et membre de l’Assemblée nationale constituante (ANC). Son assassinat fait suite à celui d’un autre opposant politique, Chokri Belaïd, qui avait provoqué une crise politique dans le pays en février. Et le 29 juillet, 8 soldats ont été tués lors d’un affrontement avec un groupe terroriste. Une réunion d’urgence s’est tenue au sein du gouvernement tunisien face à ces événements et à la contestation ; l’UGTT, un puissant syndicat, a de nouveau appelé à la démission du gouvernement, ce que ce dernier a exclu. Les analystes peinent à discerner ce qui se passe dans ce pays et à trouver les raisons des violences que l’on y observe.

En Syrie, une nouvelle donne rend encore un peu plus complexe le conflit et la crise en cours. Outre le fait que les migrations provoquées par la crise syrienne fragilisent les pays concernés (le Liban et la Jordanie faisant face à une population réfugiée qui représente désormais un bon pourcentage de leur population totale), la question kurde émerge des événements actuels. On sait que les djihadistes représentent à ce jour 40% de la rébellion syrienne. Or, autour d’Alep, deux villages kurdes, Tal Aran et Tal Assal, ont été bombardés par des groupes djihadistes faisant partie de l’opposition syrienne, 50 personnes essayant de s’en enfuir ont été assassinées, et entre 300 et 350 civils kurdes ont été capturés. Et l’on fait état d’affrontements violents entre des milices armées kurdes tentant de se défendre et l’EIIL (Etat Islamique en Irak et au Levant), des forces de l’ASL, l’Armée Syrienne Libre, et le Front al Nosra (islamiste et terroriste). Ces nouvelles s’expliqueraient par le fait que les islamistes au sein de la rébellion considèrent désormais les Kurdes comme des athées. Et aussi par le fait qu’au sein du chaos syrien, les Kurdes perçoivent la possibilité de faire avancer la question de l’indépendance pour leur peuple. C’est ainsi que le parti kurde majeur de Syrie a choisi de proclamer l’autogestion des régions qui comprennent une majorité kurde (dont celle d’Alep fait partie), pendant 3 mois en guise de test. L’indépendance du peuple kurde (représentant 30 millions de personnes), qui vit dans les régions frontalières de la Turquie, la Syrie, l’Irak et l’Iran et qui représente en tout cas 15% de la population syrienne, ne lui a pas été donnée lors des événements qui ont suivi le démembrement de l’empire ottoman après la première guerre mondiale. Au travers des événements actuels, il voit l’opportunité de parvenir enfin à la création d’un Kurdistan souverain. C’est ainsi que le nord-est de la Syrie, jusque-là épargné et vidé de la présence militaire d’Etat syrienne qui s’est concentrée ailleurs, bascule à son tour dans la crise. Et face aux attaques djihadistes en Syrie, dans lesquelles la Turquie n’est certainement pas pour rien, tous les Kurdes pouvant se battre ont été appelés à se mobiliser par les « Comités de Protection du peuple Kurde ». Les dirigeants de l’opposition syrienne ont pour leur part rencontré pour la première fois les membres du Conseil de sécurité de l’ONU.

Le terrorisme a aussi frappé fort cette semaine. En Irak, une vague de 17 attaques à la voiture piégée contre les chiites, revendiquée par Al-Qaïda, a fait plus de 54 morts et au moins 220 blessés. Et au moins 40 morts et une centaine de blessés ont été causés vendredi dernier par des explosions contre les chiites dans la ville de Parachinar au Pakistan ; l’attaque d’une prison a aussi eu lieu dans ce pays pour libérer des insurgés ; 243 prisonniers s’en sont évadés. Concernant le reste de l’actualité mondiale, la colère ne diminue pas en Bulgarie, considérée comme le pays le plus pauvre de l’Union européenne. Face à la corruption et au pouvoir de la mafia, ce sont tous les jours des milliers de personnes qui manifestent dans la rue pour que le gouvernement démissionne.

Les Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ) se sont achevées au Brésil ; la messe de clôture a rassemblé 3 millions de personnes à Rio ; le nouveau pape, argentin, a eu des déclarations considérées comme révolutionnaires par les médias sur la question de l’homosexualité, disant notamment : « Si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger ? » ; le fait même d’utiliser le mot « gay » jusqu’alors tabou a été remarqué. Il a par ailleurs appelé les catholiques d’Amérique latine à regagner le terrain sur les évangéliques, dont le nombre a très fortement augmenté ces dernières années au détriment des paroisses catholiques. Il a ainsi interpellé les jeunes catholiques : « Soyez des missionnaires », « Sortez de vos paroisses », ou encore « L’Eglise ne doit pas être statique, elle doit aller évangéliser de la périphérie des villes au bout du monde ! »

En Uruguay, où la consommation de drogues n’est déjà pas un délit, le président a fait voter un projet de loi par l’Assemblée nationale pour faire de la production et de la commercialisation du cannabis un monopole d’Etat, c’est-à-dire pour que l’Etat « assume le contrôle et la régulation de l’importation, de l’exportation, de la plantation, de la culture, de la récolte, de la production, de l’acquisition, du stockage, de la commercialisation et de la distribution du cannabis et de ses dérivés ».

En Afrique, plusieurs résultats d’élections sont attendus, suscitant des tensions. Au Darfour, des combats meurtriers ont eu lieu entre deux tribus, faisant 128 morts. En République Démocratique du Congo, on est dans l’attente de ce qu’il va se passer après l’ultimatum de l’ONU aux rebelles du M23 pour déposer les armes au 1er août ou quitter le périmètre de sécurité autour de Goma, ce qu’ils ont refusé. Et l’on apprend qu’au Cameroun, presque un quart de la population serait touchée par l’hépatite B ou C. Enfin, bloqué depuis près de 3 ans, le processus de paix israélo-palestinien a été relancé lundi à Washington, sous l’égide des Etats-Unis.

Source: www.lespoir.fr