Contexte
Alors que le visage de Mao trône toujours sur la place Tiananmen, le Colonel Sanders de la chaine de restauration rapide, Kentucky Fried Chicken, lui sourit désormais depuis l’autre côté de la place. C’est cette tension entre ces deux forces, celle de l’autoritarisme chinois et du capitalisme occidental, qui donne à la Chine son côté si particulier et qui explique l’ambigüité des relations entre l’Eglise et l’Etat.
La Chine s’affirme de plus en plus sur la scène internationale. Son statut, récemment retrouvé de superpuissance, a rendu ses dirigeants plus profondément nationalistes et plus antioccidentaux de bien des manières. Le christianisme est toujours considéré comme d’origine occidentale, ce qui force les églises à rester sur la défensive.
D’un autre côté, les autorités chinoises sont de plus en plus sous pression à l’intérieur du pays. Elles font face à d’énormes défis démographiques, économiques et sociaux. On compte plus de 150 000 manifestations annuelles, souvent contre l’augmentation chronique de la corruption. Elles ont fort à faire pour gérer une forte croissance économique tout en assurant la stabilité sociale. Curieusement, cela ouvre des portes à l’Eglise puisque le gouvernement cherche des alliés honnêtes pour l’aider à relever ces défis.
Place dans l’Index
La Chine est placée en 37ème position de l’Index Mondial de Persécution 2013.
Voici deux raisons pour lesquelles l’Eglise peut subir la persécution en Chine aujourd’hui :
- Lorsqu’elle est perçue comme trop puissante : le gouvernement prend peur lorsqu’il voit de grands réseaux, essentiellement ruraux, s’unir, parce qu’il craint l’émergence d’un nouvel homme providentiel comme Mao qui unirait les masses pour une nouvelle révolution. Toutefois, un dialogue discret a eu lieu ces dernières années entre les autorités et les responsables des principaux réseaux d’églises de maison.
- Lorsqu’elle est perçue comme trop politique : Il n’est pas toujours possible de savoir comment réagiront les autorités aux propositions d’une communauté en raison d’un flou législatif. Par exemple, une église de maison a été fermée parce qu’elle tenait un orphelinat, les autorités locales considérant que c’est là le domaine exclusif de l’Etat. Mais une autre église de maison, dans une autre ville, fait la même chose sans être inquiétée parce que les autorités locales ne considèrent pas cet orphelinat comme subversif.
L’église de maison de Shouwang, à Beijing, illustre également ce problème. Cette église avait décidé de rénover ouvertement un local et de se réunir en dehors du cadre de l’Eglise reconnue par l’Etat, le Mouvement Patriotique des Trois Autonomies. Mais le 11 avril 2011, jour de l’ouverture du lieu de culte, les responsables de l’église ont été arrêtés. Pourtant, dans d’autres quartiers de Beijing, d’autres églises de maison se réunissent elles aussi ouvertement dans de grands locaux.
Perspectives
Le temps où les chrétiens devaient être exterminés est révolu, mais la persécution peut encore surgir à tout moment. Les nouveaux dirigeants chinois devraient être de plus en plus disposés à les utiliser plutôt qu’à les exterminer. Les églises de maison avancent à l’aveuglette dans cette atmosphère imprévisible de danger et d’opportunités.
Informations sur l’Eglise
Les chrétiens ont dû faire face à une persécution sévère, tout particulièrement au plus fort de la révolution culturelle entre 1966 et 1976.
Début 1970, il restait moins de 500 000 chrétiens dans le pays mais dans les années 80, dans le coeur rural de la Chine, plus de 50 millions de personnes se sont converties durant ce qui a été le plus grand réveil jamais vu au monde.
Depuis, le christianisme continue à se développer, et l’on estime qu’aujourd’hui les chrétiens chinois sont plus de 80 millions.
Source: www.portesouvertes.fr