Moisson de soja dans une ferme de Bahia, au Brésil. Photo: Paulo Whitaker - Reuters
La presse américaine bruisse d’une inquiétante nouvelle. Une «fuite» du document de travail du prochain chapitre du rapport du Giec, dont la publication est prévue pour mars 2014, révèle un impact négatif du réchauffement climatique sur les ressources agricoles de la planète. La version confidentielle du second volet du 5e rapport du Giec a été révélée sur son blog par Donna Laframboise. Cette climatosceptique canadienne, auteure de deux ouvrages, déclare avoir reçu le documentdaté de fin octobre d’une «personne anonyme».
Les experts du climat estiment dans ce document de travail que la production mondiale de céréales (blé, riz et maïs) pourrait varier de 0 à -2% par décennie jusqu’à la fin du siècle. Ceci malgré les bénéfices que certaines régions nordiques pourraient tirer de l’augmentation de la température moyenne. En fait, le solde des gains et des pertes serait négatif.
Or, d’ici la fin du siècle toujours, la population mondiale devrait augmenter de 14% par décennie jusqu’en 2050 ce qui la ferait passer de 7,2 milliards de personnes aujourd’hui à 9,6 milliards au milieu du XXIesiècle, selon les Nations unies. De plus, une part importante de cette croissance se fera dans les pays en développement où l’augmentation de la richesse s’accompagne d’une consommation de nourriture, en particulier de viande, plus importante.
Depuis les premiers rapports du Giec, le réchauffement climatique est associé à une augmentation des phénomènes extrêmes tels que les vagues de chaleur, les inondations ou les tempêtes. Autant d’événements météorologiques qui affectent les récoltes. La baisse de la production agricole mondiale pourrait être due en partie à ces phénomènes.
D’après le document, les risques sont plus importants pour les régions tropicales dont les capacités d’adaptation sont limitées et dont la population est plus pauvre que celle des zones tempérées. Le Giec estime, qu’en moyenne, l’adaptation de l’agriculture est en mesure d’augmenter de 15% à 18% la quantité actuelle de récolte. Outre les différences régionales de capacités d’adaptation, la situation serait très différente en fonction du niveau d’augmentation de la température moyenne du globe. Aux alentours de 2°C, l’adaptation de l’agriculture sera beaucoup plus facile que dans les régions ou le réchauffement atteindra 4°C ou plus.
Face au risque de pénurie de nourriture, de nouvelles terres pourraient être mises en culture au détriment des forêts. Or le déboisement, tel que celui qui sévit en Amazonie, aggrave le réchauffement climatique en réduisant le nombre des arbres qui captent le CO2 présent dans l’atmosphère.
Dans ce nouveau scénario catastrophe, le manque de nourriture pourrait faire monter les prix des denrées, ce qui affecterait particulièrement les populations les plus pauvres.
Bien entendu, les différents points de ce document devront être approfondis, discutés et validés avant leur publication officielle au printemps 2014.