Quels sont dès lors les scénarios possibles ? Voici l’opinion de Sergueï Demidenko, expert de l’Institut des évaluations et de l’analyse stratégique :
« J’ai pratiquement la certitude que les dirigeants iraniens ne feront rien pour bloquer le détroit d’Ormuz parce que cela reviendrait dans les faits à provoquer une guerre au Proche-Orient. Combien de temps la Marine iranienne survivrait-elle au blocage du détroit ? 12 heures au grand maximum. Il faut bien comprendre que l’Iran a pris sa décision en réponse aux sanctions à grande échelle introduites par l’UE contre son secteur pétro-gazier. Pourtant, les revenus que procure à l’Iran le pétrole qu’il livre à l’Europe sont sans aucune mesure avec les pertes qu’il peut subir en cas de blocage du détroit d’Ormuz. Cela signifie que le jeu n’en vaut pas la chandelle. Il est absolument évident que l’Iran ne se décidera jamais à bloquer le détroit. Il s’agit en fait d’une sorte de guerre de l’information entre l’Iran et l’Occident ».
Mais l’Iran n’en a pas moins lancé mardi des exercices militaires qui s’accompagnaient de tirs de plusieurs types de missiles balistiques y compris ceux capables de frapper Israël. En même temps, contrairement à la pratique courante, aucune information n’a été diffusée au sujet de ces manoeuvres. C’est assez étrange, estime notre expert militaire et directeur du Centre des études sociales et politiques Vladimir Evseev :
« Les exercices sont devenus une suprise pour les experts en Iran. Ces exercices sous le nom de code de « Grand Prophète » étaient généralement annoncés bien à l’avance et s’accompagnaient d’une vaste campagne de propagande. Alors qu’est-ce qui est derrière cette discrétion peu commune? Il n’est pas exclu que les exercices « Grand Prophète-7 » relèvent d’une décision spontanée des autorités iraniennes. Les tensions autour de l’Iran ont exercé un effet négatif sur les Iraniens et il fallait vite trouver une réponse susceptible de mobiliser la population. C’est maintenant chose faite ».
En même temps, les exercices ont fourni aux États-Unis un nouveau prétexte pour déclarer que l’Iran pourrait monter des ogives nucléaires sur ses missiles. Le Pentagone avouait cependant à plus d’une reprise qu’il ne disposait d’aucune preuve de leur réalité.
En réponse à ces accusations, Téhéran a déclaré que la position de l’Occident allait infléchir ses négociations avec les « six » sur le problème nucléaire.