Apocalypse 2/18
« Et à l’ange de l’assemblée qui est à Thyatire, écris : Voici ce que dit le Fils de Dieu, qui a ses yeux comme une flamme de feu, et dont les pieds sont semblables à de l’airain brillant :
19 Je connais tes œuvres, et ton amour, et ta foi, et ton service, et ta patience, et tes dernières œuvres qui dépassent les premières. Mais j’ai contre toi, que tu laisses faire la femme Jézabel qui se dit prophétesse; et elle enseigne et égare mes esclaves en les entraînant à commettre la débauche et à manger des choses sacrifiées aux idoles. 21 Et je lui ai donné du temps afin qu’elle se repente ; et elle ne veut pas se repentir de son impudicité.22 Voici, je la jette sur un lit, et ceux qui commettent adultère avec elle, dans une grande tribulation, à moins qu’ils ne se repentent de leurs œuvres ; 23 et je ferai mourir de mort ses enfants ; et toutes les assemblées connaîtront que c’est moi qui sonde les reins et les cœurs ; et je vous donnerai à chacun selon vos œuvres».
Le cœur du message à l’église de Thyatire est la dénonciation d’une doctrine propagée par «la femme Jézabel qui se dit prophétesse». Qu’est-ce que « l’esprit de Jézabel » ? On emploie parfois cette expression pour définir une aversion ou une opposition à l’expression prophétique : ce qui se dresserait contre l’onction prophétique et contre ceux qui exercent le ministère prophétique proviendrait donc de cette origine, en référence à l’opposition de la reine Jézabel au prophète Elie. Dans certains milieux, la même expression peut faire référence à une entité spirituelle ténébreuse, un esprit impur (un démon), qu’on appelle « l’esprit de Jézabel ». On s’exerce alors à discerner ses manifestations (en fait : à détecter les personnes suspectes de l’incarner) et à le chasser[1].
Ce n’est pas la pensée développée ici : on évoquera plutôt cette expression «esprit de Jézabel» (qui ne se trouve textuellement pas dans la Bible) pour traduire une proximité de pensée, de raisonnement, et de caractère avec le modèle référent (Jézabel), c’est-à-dire dans le sens d’une mentalité. Le but de cette réflexion étant de chercher un éclairage biblique pour comprendre la situation décrite dans Apocalypse 2/20, au plan historique et au plan prophétique.
Il est bien sûr exact que la reine Jézabel a mené une guerre contre les prophètes de l’Eternel (et donc contre la prophétie), mais on comprend à la lecture de son histoire (1 Rois 16 à 21, 2 Rois 9) que son dessein était bien plus vaste que cela, et son opposition plus profonde encore : elle a cherché à renverser un équilibre spirituel ancien, à éradiquer la révélation de Dieu et elle s’est donc dressée, armée d’un pouvoir politique, contre les droits auxquels prétendait l’Eternel sur Son peuple, et contre le principe théocratique dont les prophètes de l’Eternel étaient les représentants et les garants. C’est pourquoi on pourrait employer également, en relation avec cette femme, l’expression d’esprit antichrist[2].
1- Qui est la Jézabel historique ?
C’est une princesse de sang royal, fille du roi de Sidon[3], qui épousera le sixième roi d’Israël, Achab, à peine un demi-siècle après le règne de Salomon — dont la gloire (et la chute) sont encore dans tous les souvenirs. Mais en peu d’années, le royaume du Nord (appelé aussi royaume d’Israël, c’est-à-dire les 10 tribus retirées à Salomon et sur lesquelles règne Achab) n’a cessé de s’éloigner de Dieu et de se compromettre dans les faux cultes des nations voisines. Dans ce royaume d’Israël, dont la capitale est Samarie, les rois se succèdent et se comportent spirituellement d’une manière apostate[4]. Le roi Achab est un homme faible, au caractère inconstant. Jézabel est quant à elle ce qu’on appelle une femme ambitieuse et intrigante, au caractère fort. Cette association sera la clé de la domination spirituelle qui va peser sur le pays pendant plusieurs années.
Fervente adoratrice de Melqart[5], le Baal Tyrien, elle entraîne son mari dans ce culte païen. Ne supportant pas d’autre religion que la sienne (elle représente un type de croyant qui impose sa vision afin de devenir la mesure de toutes choses, mais elle peut représenter aussi un gouvernement qui provoque un nouveau paradigme), elle pousse Achab à construire un temple et un autel consacré à Baal (1 Rois 16/32), ainsi qu’une statue représentant l’Astarté phénicienne, dont son père, Ethbaal est grand prêtre[6]. Son hérédité est chargée lourdement par les cultes idolâtres qui constitueront toujours son vrai centre de gravité spirituel.
C’est pourquoi elle n’aura de cesse de se dresser contre tout ce qui représentait le gouvernement divin de l’Eternel, pour tenter d’y substituer ses propres règles et principes religieux. Elle va établir ses propres prophètes, formés aux arts (et aux techniques) de la prophétie païenne, et qui ont une vie religieuse consacrée à Baal, le « Seigneur » des Cananéens et des Phéniciens (Baal signifie «seigneur»). Des écoles prophétiques, dans lesquelles on forme ces hommes, fleurissent logiquement dans le pays. Peut-être fait-on venir de l’étranger des inspirés. Le chapitre 18 du livre des Rois nous apprend qu’à la cour du roi Achab et de la reine Jézabel, 450 hommes prophétisaient au nom de Baal, et 400 autres au nom d’Astarté. Ces «inspirés», qui ont rang de dignitaires religieux, ne sont pas apparus par génération spontanée, ils sont le fruit d’une stratégie religieuse (un programme) que l’appareil politique a légitimé et amené à son terme…
En peu de temps de règne, Jezabel est parvenue à augmenter la corruption spirituelle d’Israël au point que le peuple restera sans réaction lorsque se produira la phase de persécution ouverte, c’est-à-dire que les prophètes de l’Eternel sont emprisonnés et tués (1 Rois 19/14).
C’est l’ensemble du royaume (composé des dix tribus qui furent données à Jéroboam) qui a « fléchi le genou devant Baal », excepté sept mille fidèles qui vivaient leur foi dans le secret (19/18) et qui semblent totalement absents de la scène publique. Ils sont restés fidèles à l’Éternel, mais demeurent dans l’ombre.
Cette femme est donc apparue dans un temps de déclin spirituel, dont elle va profiter, apportant une sorte de coup de grâce au culte qui avait été confié aux sacrificateurs de l’Éternel. Jézabel est un rouage essentiel d’apostasie généralisée, un temps où ceux qui craignent l’Eternel doivent vivre cachés et où les décrets royaux sont défavorables à ceux qui croient en la Parole de Dieu. Et c’est dans ce temps obscur que l’Éternel va susciter un ministère de puissance, animé de Sa jalousie et d’une grande intransigeance, qu’on qualifierait aujourd’hui sans doute de fondamentaliste. Elie le prophète, seul,s’est levé pour affronter ce mal, cet adversaire, et incarner la Parole du Dieu Vivant, en exposant sa vie.
Lorsque nous entendons parler de l’esprit d’Élie, dans le Nouveau Testament, ou que nous sentons son influence parcourir l’Église, nous devons nous souvenir de ce caractère sans partage, absolutiste, fruit d’une consécration radicale, qui ne s’inscrit pas seulement dans la contestation, mais qui ramène le cœur des enfants vers le Père.
2- Traits de caractère de Jézabel
Il est évident que les caractéristiques principales de la mentalité de Jézabel sont en tout premier lieu cette tension vers le pouvoir et la domination. Elle est animée par la soif de diriger et de contrôler sans partage (c’est le sens de son nom : Jezabel « sans cohabitation »), qui va lui permettre d’accéder au plus haut niveau décisionnel, afin d’imprimer sa vision et sa politique au plus grand nombre. Elle est une femme qui met en œuvre ses ambitions, quel qu’en soit le prix. Parvenue à la tête du pays, elle affichera ouvertement sa conception du gouvernement et de la direction : les 850 prophètes « mangent à sa table » (18/19), ce qui signifie qu’elle pourvoit à leur entretien, s’assure leur proximité et leur concours afin que chacun en Israël comprenne bien, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, que c’est Baal et Astarté qui sont les « conseillers divins » de la reine (et du roi). C’est à ces deux sources, ces deux esprits (un dieu du masculin et un dieu du féminin) qu’ils puisent leur inspiration, et dans leur vision qu’ils tirent leur force. On imagine sans peine que c’est en réalité la prophétie de Baal qui arbitre dans les grands choix politiques et stratégiques du pays : Baal devient par ce moyen LE dieu d’Israël. Sur le plan spirituel, nous pouvons dire que l’espace réservé à l’Éternel a quasiment disparu et que l’idolâtrie occupe entièrement le terrain.
La stratégie consistait justement à contrecarrer l’influence de l’Eternel, le rayonnement de son culte, et de le réduire en établissant partout ses propres dieux — ce qui est une manière de parler de valeurs nouvelles — et de la culture qui s’y rattache. Les moyens qu’elle a employés et le chemin qu’elle a suivi sont bien évidemment antichrists, c’est-à-dire qu’ils s’opposent contre toute direction divine du Dieu d’Abraham, contre Sa Loi et toutes Ses prérogatives, contre toute forme de cette théocratie-là. Cette manœuvre de remplacement et ce caractère rappellent la description que fait l’apôtre Paul à propos de « l’impie, de l’homme de péché, qui s’oppose et s’élève contre tout ce qui est appelé Dieu ou qui est un objet de vénération » (voir note 2)…
À une époque où le statut de la femme ne lui permettait pas d’accéder à des responsabilités gouvernementales (pour ce qui concerne le peuple d’Israël[7]), ou de s’ingérer dans les affaires du pouvoir, elle surmontera tous les obstacles et montrera une détermination hors du commun face à Elie[8] le prophète, puis face à Jéhu[9], qui deviendra plus tard le nouveau roi d’Israël par l’onction d’Elisée. Elle ne craint pas de rencontrer ces hommes sur leur terrain, car elle méprise l’autorité divine qu’ils incarnent. Son attitude face au masculin (son mari, Elie et Jehu) pourait laisser à penser que c’est l’Homme qu’elle méprise et dont elle conteste ouvertement la domination naturelle provenant de la Parole de Dieu.
On voit apparaître par exemple dans l’épisode de l’assassinat de Naboth (1 Rois 21), que le caractère de Jézabel est dominant, exerçant une influence froide et calculatrice : un caractère donc qui prétend clairement aux prérogatives masculines de l’époque et qui fait jeu égal avec lui (alors que le caractère d’Achab est faible et dominé par les émotions).
La situation politico-religieuse d’Israël de cette époque est par conséquent le résultat d’une rencontre entre un roi faible, irrésolu et une femme au caractère dominateur, indépendante, ne se contentant pas de revendiquer une place, mais s’en emparant pour s’imposer, gouverner, diriger, dominer, et ce, à n’importe quel prix.
Jezabel ne correspond pas à l’image féminine de son temps, elle n’est pas représentative de la mentalité féminine de son époque : elle évolue dans un monde à part, dans lequel il n’existe pas d’autorité au-dessus d’elle – ni Dieu ni maître – et cela contribue à forger en elle ce caractère indépendant[10], cet égo surdimensionné.
C’est l’ensemble de ces choses qui constitue le portrait, « la mentalité de Jézabel ». Et c’est de cette femme-là, dotée de cette mentalité-là, dont parle le Seigneur à l’église de Thyatire, à cette différence près que cette femme, mise en lumière dans le Nouveau Testament, se trouve là convertie et exerçant un ministère d’enseignement et de prophétie reconnu par le peuple.
3- la femme-Jezabel à Thyatire
« Mais j’ai contre toi, que tu laisses faire la femme Jézabel qui se dit prophétesse; et elle enseigne et égare mes esclaves en les entraînant à commettre la fornication [la débauche, l’impudicité, une vie déréglée, sans frein, sans tabous, immorale] et à manger des choses sacrifiées aux idoles [se nourrir de choses profanes, de visions et d’enseignements impurs] ».
Lors de sa rencontre avec l’Eternel en Horeb, le prophète Elie dira de la reine Jézabel qu’elle poussa le peuple de Dieu à « abandonner l’alliance, renverser les autels et tuer les prophètes » (1 Rois 19/14). Il faut donc lire les événements de Thyatire (et de possibles répliques spirituelles à d’autres époques de l’Histoire) à la lumière de ce triple phénomène qui demande sans doute à être réinterprété/réactualisé avec les codes des différentes époques où il se manifeste. De même, les termes «fornication/impudicité, manger des choses sacrifiées aux idoles» seraient à entendre aujourd’hui dans un sens spirituel, évoquant une volonté de mélanger et de dénaturer la vision biblique sur tel ou tel sujet majeur, impactant la foi dans son ensemble.
Il est incontestable que la situation dépeinte à Thyatire concerne un contexte interne au christianisme. Il existe deux pistes d’interprétations possibles pour tenter de comprendre la nature exacte du danger spirituel qui menace l’église de Thyatire :
1) nous sommes en face d’une personne, une individualité féminine dont le ministère contient une semence nocive,
2) ou nous sommes en présence d’un terme générique : une influence féminine qui serait animée d’une « mentalité de Jezabel » — c’est-à-dire d’une volonté de contrôle et donc de pouvoir — et qui s’inscrit donc dans un rapport de force avec le masculin (historiquement dépositaire de l’autorité spirituelle).
La portée prophétique de la Parole de Dieu est toujours plus large que son cadre contextuel, et le postulat de cet article est que ces deux interprétations sont justes : un ministère prophétique féminin était implanté à Thyatire et distillait des enseignements mélangés et impurs. Et en même temps, « la femme-Jézabel » (ou le féminin-Jézabel) qui se prétend inspirée est un vecteur que l’Esprit souhaite signaler prophétiquement, aujourd’hui encore, en nous amenant à décrypter son influence.
4- Contexte spirituel de Thyatire
Les églises nées de l’évangélisation des premiers disciples étaient au bénéfice d’une prédication inspirée du Saint-Esprit, dans la lignée du réveil de Pentecôte. La « doctrine des apôtres[1] » était fraîche dans les esprits, et les ministres du Seigneur Jésus-Christ, parmi lesquels on comptait encore des témoins occulaires, étaient porteurs d’une grande autorité. La Lumière de Christ brillait dans la nuit de cette époque, et l’œuvre de Dieu prospérait.
Les exégètes et historiens datent la rédaction du livre de l’Apocalypse approximativement vers 90. Une soixantaine d’années au maximum (toujours approximativement) séparaient donc cette déclaration des premières heures du réveil de Pentecôte : c’est peu. On ne sait pas pourquoi ce sont ces églises-là qui ont été choisies pour recevoir ces lettres ; en effet, on peut imaginer que les églises d’Antioche ou de Jérusalem n’étaient pas sans importance.
Ce qui est à peu près certain, c’est qu’à ce moment-là, les lettres de Paul sont connues dans les communautés l’Asie Mineure et sont encore récentes[2]. La place du féminin dans l’Église y a été évoquée, jusqu’à être précisée assez nettement, pour l’époque ; en relation avec Apocalypse 2/20, nous pouvons citer ce que Paul a écrit : « Je ne permets pas à la femme d’enseigner »[3]. Ce n’était d’ailleurs qu’une confirmation spirituelle d’un fait religieux et socio-culturel, puisqu’on ne trouvait pas non plus de femmes disciples de rabbis (et encore moins rabbis/enseignantes). Même Jésus de Nazareth, qui avait frappé les esprits religieux en ouvrant le cœur de Dieu au féminin d’une manière très libérale pour l’époque, n’avait cependant pas appelé de femme disciple et encore moins apôtre[4]. Il en aurait eu à plusieurs reprise l’occasion, ce qui aurait définitivement réglé cette question sensible. Mais Il n’a pas déplacé cette borne ancienne[5] qu’on ne doit pas considérer trop vite comme exclusivement culturelle.
Ce que nous constatons à Thyatire c’est qu’une femme exerce un ministère prophétique mélangé, dont certains enseignements sont en contradiction flagrante avec l’esprit de certaines parties des Écritures. Elle est parvenue à un degré d’influence qui paralyse spirituellement les autorités (traditionnellement masculines) : «j’ai contre toi que tu laisses faire». La complicité est donc établie et c’est un point de convergence avec l’histoire «originale» de la reine phénicienne : il faut un «esprit d’Achab» passif pour qu’apparaisse un «esprit de Jézabel» dominateur.
Le facteur temps est également très important dans la construction de cette situation : l’influence féminine faussement prophétique distribue un enseignement qui va avoir des implications transgénérationnelles, puisque la Parole de Dieu nous indique que Dieu lui laisse du temps (pour se repentir), et que cette femme engendre des enfants (une génération spirituelle).Cette génération spirituelle sera élevée dans une doctrine, une vision spirituelle qui ne respecte pas la Parole de Dieu dans certains de ses fondements, tout en la prêchant. Et cette génération mourra, elle périra dans l’erreur (Dieu la tuera).
Il y a donc des enjeux qui dépassent largement le cadre d’un ministère qu’il faudrait simplement recadrer : nous sommes dans une vision où un véritable foyer d’infection spirituelle est installé, et dont les effets impactent deux générations spirituelles. Son implantation dans le système est profonde, au point qu’il est devenu presqu’impossible aux responsables de se séparer de ce service : il fait désormais partie de l’église. Il a donc modifié la perception de la Parole de Dieu, et on peut imaginer que son impact sur la culture chrétienne est important.
5- Le temps de Thyatire, le problème masculin
« J’ai contre toi que tu laisses faire » … Le réquisitoire dressé par Dieu ne s’adresse pas à la femme en premier lieu, mais bien au corps des responsables (traditionnellement masculin) et il est important de le souligner. Le féminin mû par la mentalité de Jézabel est visé par le jugement divin, mais c’est l’homme qui porte ici la responsabilité du déséquilibre spirituel. C’est une preuve supplémentaire de la prééminence spirituelle masculine. Et nous avons ici une réplique de ce qui s’est produit en Eden[6]. C’est un point sur lequel il ne faut pas se hâter de passer. L’erreur est féminine, mais la faute est masculine.
C’est par cet angle que Dieu fait apparaître le problème de cette Église, et de ce temps. Ce qui est en question ici est un affaissement de l’autorité du masculin, de son attachement entier à l’Esprit des Écritures, entraînant un recul et un comportement de faiblesse des responsables … et de toute «l’église».
À l’image de ce que nous trouvons dans l’histoire originale de Jezabel, c’est la rencontre d’un masculin défaillant et d’un féminin poussé par une volonté de domination évidente, une revendication égalitaire, qui engendre une situation déséquilibrée.C’est le résultat d’une alchimie précise et de circonstances préparées, c’est-à-dire d’une stratégie spirituelle coordonnée. Ce déséquilibre est une des clés d’un processus de déstabilisation de l’ordre de la création, dans le prolongement de ce qui s’est passé en Eden : Satan a visé la femme (la gloire de l’homme[7]) afin que l’homme (la gloire de Dieu) chute, dans le but de porter un coup à l’œuvre de Dieu, c’est-à-dire à Dieu Lui-même.
Le problème de l’église de Thyatire peut ainsi prendre aujourd’hui à nos yeux un sens prophétique plus réaliste : jamais en effet au cours de l’Histoire du christianisme, cette prophétie donnée à Thyatire n’aurait pu être interprétée dans le sens de l’émergence et de l’élargissement de l’influence féminine dans la société séculière, et dans l’Église. Ce parallèle n’a jamais été possible car l’hypothèse a toujours été socialement incohérente et religieusement inconcevable, jusque dans les toutes dernières décennies du 20è siècle. C’est désormais parfaitement envisageable et crédible puisque cette réalité s’est graduellement installée sous nos yeux. C’est pourquoi il existe au moins une réplique spirituelle à ce qui s’est produit à Thyatire : le temps de la fin. Et si cette émergence est accompagnée d’un nouveau paradigme[8], d’une vision égalitaire sociale (voire biologique) atteignant le domaine spirituel, alors nous avons également une conformité au sens prophétique, qui vient compléter l’analogie entre Thyatire et les temps actuels.
Jerome Prekel©www.lesarment.com/juin2013
Source: www.lesarment.com