Ariel Sharon a été durant de longues années une grande figure sur la scène politique israélienne. De nombreux Israéliens le considèrent comme un héros national et même comme le symbole du pays.
On dit d’Ariel Sharon qu’il n’était troublé ni par l’amour de ses partisans ni par la haine de ses ennemis. Boris Dolgov, chercheur à l’Institut des recherches orientales de l’Académie russe des sciences, explique que cet homme, qui a démarré caporal pour finir général, s’était fixé comme principal objectif de sa vie d’assurer la complète sécurité d’Israéel à ses conditions.
« Ariel Sharon est une grande figure politique en Israël. Son rôle était double. D’un côté, il a renforcé l’État israélien et sa sécurité. D’un autre, il a activement participé aux conflits de la région, surtout dans le conflit palestinien. »
Ariel Sharon, né Scheinermann, a vu le jour en 1928 dans le moshav de Kfar Malal au sein d’une famille de réfugiés de Russie. Ses parents étaient agriculteurs. Il a lui-même étudié l’agronomie. Cependant, en 1948, tout de suite après le début de la guerre israélo-arabe, il a abandonné ses études et est parti au front. La carrière militaire d’Ariel Sharon est une grande réussite. Evgueni Satanovski, président de l’Institut du Proche-Orient, raconte que les batailles qu’il a menées sont enseignées dans les académies militaires israéliennes.
« Ariel Sharon est un général brillant, un des meilleurs stratèges du XXe siècle. C’est un homme qui était capable de gagner n’importe quelle guerre, de mener n’importe quelle opération spéciale. »
Au début des années 1970, Ariel Sharon a laissé de côté sa carrière militaire et s’est lancé dans la politique. En 1973, il a été élu à la Knesset pour le parti Likoud. Au cours des années 1980 et 1990, il a été ministre de l’Agriculture, de la Défense, du Commerce et de l’industrie, de Construction et de l’aménagement, de l’Infrastructure nationale et des Affaires étrangères d’Israël. Il a élaboré le programme de construction des colonies juives en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
En 2000, Ariel Sharon a visité le mont du Temple, sanctuaire juif et musulman, se trouvant dans la partie arabe de la vieille ville de Jérusalem. Cet acte a sensiblement compliqué les relations arabo-israéliennes et a annulé le plan de transmission de la vallée du Jourdain à l’Autorité palestinienne. Pour les experts, Ariel Sharon pensait justement qu’une telle situation pousserait les Isréaliens à choisir un dirigeant dur, comme lui.
Il avait vu juste : le 6 février 2001, il remporte une victoire convaincante aux élections et devient premier ministre. En tant que chef d’État, l’ancien général, que ses compagnons du parti Likoud surnomment « bulldozer » ou « faucon » à cause de son intransigeance, a appliqué une politique de réserve. Cela sous-entendait une normalisation progressive des relations entre la Palestine et Israël à condition que les Palestiniens renoncent à la politique du terrorisme et à leur désir d’hégémonie dans la région.
En 2005, Ariel Sharon a effectué un grand virage dans le processus de paix au Proche-Orient. Soudainement, le partisan des fortes mesures de rigueur a annoncé l’évacuation des colonies juives de la bande de Gaza et la construction d’une barrière de séparation avec la Cisjordanie. Cela a été tellement mal accueilli par ses compagnons de parti que, en 2005, Ariel Sharon a décidé de quitter le Likoud et de créer un nouveau parti centriste, Kadima (« En avant »).
Le 4 janvier 2006, Ariel Sharon est hospitalisé après une attaque cérébrale. Au bout de quelques jours, il est plongé dans un coma sous respiration artificielle.
En mars 2006, le parti Kadima remporte les élections et, en avril, Ariel Sharon est démis de ses fonctions. Au cours des années suivantes, Ariel Sharon a été soumis à une thérapie intensive, a subi plusieurs opérations, mais n’est toujours pas sorti du coma. Le 2 janvier 2014, les médecins ont déclaré que leur patient de 85 ans était atteint d’une insuffisance rénale aiguë et que son état s’aggravait. Ariel Sharon est mort le 11 janvier sans avoir repris connaissance.