Les bénévoles des associations de protection de la nature ont dénombré les dépouilles d’un vautour fauve, un milan noir, un autour des palombes, 62 corbeaux, trois corneilles, une pie, des milans noirs,
Un véritable cimetière des oiseaux. En alignant les cadavres de volatiles retrouvés morts dans un périmètre de 200 mètres autour de la décharge de Sorbiers, les associations de protection de la nature ont répertorié près de 80 animaux morts. Des grands corbeaux principalement, mais aussi des corneilles, une fouine, un renard, un vautour fauve, un milan noir, un autour des palombes…
Une hécatombe rare pour la Ligue de protection des oiseaux.
Un poison violent ?
Alors d’où vient cette subite surmortalité ? On suspecte un empoisonnement avec un produit violent ayant touché principalement les grands corbeaux. Leurs prédateurs (renard et fouine) et peut-être les rapaces auraient ensuite été atteints.
La collecte des animaux morts, expliquent-ils, est justement destinée à “éviter la propagation d’un éventuel poison”.
La gendarmerie n’a pas été saisie de l’affaire. Mais les services de l’État ont été interpellés, que ce soit du côté de la direction de la protection des populations ou de l’office national de la chasse et de la faune sauvage. C’est avec l’autorisation de ce dernier organisme que la collecte des animaux a d’ailleurs eu lieu, indique l’Apner.
Parmi les scénarios possibles, l’empoisonnement des animaux à partir de déchets dans la décharge.
Ce n’est pas vraiment la thèse des associations de protection de la nature qui redoutent un geste volontaire.
Mais qui pourrait en vouloir aux oiseaux de Sorbiers ? Il n’y a pas de voisin très proche. La décharge locale attire les grands corbeaux et sans doute leur nombre important déplaît au voisinage. Cet oiseau est également impopulaire dans le milieu agricole car il peut détruire des cultures ou s’en prendre au bétail.
De là à imaginer que du poison ait été semé par un ou des habitants proches de la décharge pour éviter la prolifération des corvidés, voire faire place nette…
Les cadavres ont été récupérés par l’ONCFS pour les soumettre à des expertises toxicologiques au sein du laboratoire vétérinaire.
Du côté du Smictom qui a créé le centre d’enfouissement de Sorbiers, on ne se hasarde pas à la moindre hypothèse. Dominique Rodet, président de l’organisme, confirme qu’il y a bien eu une mortalité des oiseaux, mais se garde de tout autre commentaire, une enquête étant en cours.
On devrait en savoir plus à l’issue des examens toxicologiques pratiqués sur les animaux morts, sans doute dans le courant de la semaine prochaine.
« C’est une affaire grave », indique un responsable d’association. La destruction d’espèces protégées est passible d’un an d’emprisonnement et 15 000 € d’amende.