samedi 1 juin 2013

Résumé de l’actualité du 25 au 31 mai 2013

Par Esther Grève

Le processus de paix israélo-palestinien reste un sujet majeur de l’actualité du Proche-Orient cette semaine, et les déclarations sur cette question se sont poursuivies tant du côté occidental que moyen-oriental. Le Forum économique mondial qui s’est tenu à Amman en Jordanie, a été l’occasion de nouvelles affirmations. Mahmoud Abbas a déclaré que la paix était encore envisageable à condition qu’Israël gèle la construction en Judée-Samarie et procède à la libération des prisonniers palestiniens. Le roi de Jordanie a appuyé les revendications de l’Autorité palestinienne exigeant le retour aux frontières de 1967 et le gel des implantations. Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a été quant à lui jusqu’à déclarer à Jérusalem qu’Israël a perdu une partie de l’appui de la Grande-Bretagne et de l’Europe en raison de la poursuite des constructions dans les Territoires disputés, signalant que la fenêtre d’opportunités pour parvenir à un accord sur la formule de « 2 Etats pour 2 peuples » entre Israël et les Palestiniens est en train de se refermer. Et on apprend que Mahmoud Abbas fait en revanche l’objet d’intenses pressions de la part du secrétaire d’Etat américain John Kerry pour revenir à la table des négociations sans conditions préalables comme le gel des constructions dans les territoires disputés. Rappelons qu’en 2008, Ehoud Olmert, alors premier ministre d’Israël, avait proposé un plan de paix avec une souveraineté partagée sur Jérusalem, et 100 % de la JudéeSamarie, refusé par l’Autorité palestinienne. A l’intérieur de l’Etat d’Israël, les membres de certaines formations politiques composant la coalition gouvernementale influent en faveur de concessions : samedi, le ministre des Affaires sociales (du parti Yesh Atid de Yaïr Lapid) a invité à démanteler dès maintenant les implantations qui sont isolées, sans attendre d’éventuelles négociations de paix, ajoutant que l’Etat perd le contrôle sur les citoyens de ces implantations. Enfin, le premier ministre jordanien a déclaré dans une interview accordée au journal israélien Maariv concernant le processus de paix, que « le dossier palestinien a un impact direct sur les relations entre la Jordanie et Israël. Si des progrès et des résultats positifs sont effectivement constatés dans les négociations, les relations d’Israël avec la Jordanie et les autres pays du MoyenOrient s’amélioreront instantanément ».

En marge de ce Forum économique mondial en Jordanie, John Kerry a aussi annoncé dimanche un plan de relance de l’économie palestinienne de 4 milliards de dollars d’investissements dont s’occupera l’émissaire du Quartette international pour la paix au Proche-Orient Tony Blair, plan qui devrait « transformer les vies dans le futur Etat palestinien ». « Il s’agit d’un plan pour Semaine du 25 au 31 mai 2013 l’économie palestinienne qui est plus important, plus audacieux et plus ambitieux que tout ce qui a été proposé depuis Oslo », a-t-il annoncé. Et alors que la Grande-Bretagne relâche son soutien à Israël, comme la majeure partie des pays de l’Union Européenne d’ailleurs, un pays du Commonwealth britannique réaffirme au contraire son profond soutien à l’Etat juif : le premier ministre du Canada, Stephen Harper, a déclaré : « Tant que je serai premier ministre, le Canada soutiendra Israël ». Il est à noter que le Canada interdit aussi quasiment toutes les exportations et importations avec la « République » islamique d’Iran.

Le dossier syrien est bien sûr aussi au cœur de l’actualité internationale de cette semaine. On apprend que la Coalition nationale syrienne (CNS) n’a pu se mettre d’accord pour se donner un chef et s’ouvrir à l’opposition non-islamiste (deux mesures exigées par les pays qui la soutiennent) ;les représentants kurdes ou turkmènes, et ceux de la gauche laïque menée par le chrétien Michel Kilo, sont ainsi toujours maintenus à l’écart. Les répercussions du conflit syrien sont régionales, comme le montrent toujours plus les événements. Le Liban tremble devant la situation chaotique dans laquelle il pourrait tomber s’il basculait dans le conflit syrien. Dimanche, deux roquettes se sont abattues sur un quartier de Beyrouth contrôlé par le Hezbollah, faisant plusieurs blessés. Un responsable de l’Armée syrienne libre a déclaré à cette occasion : « L’implication du Hezbollah (en Syrie) aura d’énormes répercussions [sur le Liban], ce qui s’est passé aujourd’hui dans la banlieuesud est une mise en garde ». Et le lendemain, lundi, 3 autres obus syriens ont été tirés contre la ville-bastion du Hezbollah dans l’est du Liban. Le chef rebelle syrien Salim Idriss a d’ailleurs déclaré : « Si l’agression du Hezbollah contre le territoire syrien ne s’arrête pas dans les 24 heures, nous prendrons toutes les actions pour le pourchasser, même en enfer » (3 000 ou 4 000 terroristes de la milice libanaise seraient déployés en Syrie selon Laurent Fabius). Enfin, ce ne sont pas moins de 30 personnes qui ont péri en six jours dans des affrontements entre sunnites et alaouites dans la ville de Tripoli au nord du Liban, la semaine dernière, selon une source de sécurité libanaise, et 204 personnes ont été blessées. Pour défendre la Syrie, dans un discours retransmis en direct à la télévision, Hassan Nasrallah a déclaré que « si le régime de Bachar alAssad tombe, la résistance [à Israël] sera affaiblie, ce qui permettra à Israël de contrôler le Liban et ce qui signera la fin des mouvements de résistance en Palestine ». Il présente ainsi le soutien au régime syrien comme essentiel à la lutte anti-sioniste, cause qu’embrasse une partie du peuple libanais et des peuples du Moyen-Orient… L’Iran a quant à lui ouvert deux lignes de crédit de 4 milliards de dollars pour soutenir financièrement la Syrie qui fait face à un embargo international. De l’autre côté, le soutien militaire aux rebelles syriens par les pays membres de l’Union Européenne est désormais autorisé : celle-ci vient de lever l’embargo sur les armes, en réponse aux demandes française et britannique. L’Iran a de son côté signifié que la levée de cet embargo augmentera le risque terroriste sur l’Union Européenne. Enfin, un ensemble d’exercices militaires conjoints d’envergure, dont le but n’a pas été spécifié, va se dérouler sur le sol jordanien, avec des soldats américains, britanniques, bahreïnis, canadiens, tchèques, égyptiens, français, irakiens, italiens, libanais, pakistanais, polonais, qataris, turcs, émiratis, saoudiens et yéménites (soit plus de 15 000 soldats de 18 pays), a annoncé samedi un responsable militaire jordanien.

L’Arabie saoudite a mis en garde cette semaine contre le programme nucléaire iranien comme menaçant toute la région. L’Iran vient d’ailleurs d’accéder à la présidence (tournante) de la conférence de Genève sur le désarmement ! Il a annoncé qu’il ferait du désarmement nucléaire la priorité de son mandat. Cuba, la Syrie, le Pakistan, la Russie, la Chine, l’Algérie et l’Egypte ont salué cet événement. En Egypte, le bras de fer entre le gouvernement dominé par les Frères musulmans et d’autres instances étatiques se poursuit. La Haute Cour constitutionnelle a refusé samedi une partie de la nouvelle loi électorale élaborée par les islamistes, jugeant que quatre articles de la loi ne sont pasconformes à la constitution. Concernant l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, cette dernière a annoncé lundi qu’elle « constate avec beaucoup de regrets que, malgré ses demandes répétées, la Turquie refuse toujours de remplir ses obligations » pour pouvoir être admise dans l’Union. « L’Union européenne constate également que la Turquie n’a fait aucun progrès vers la normalisation de ses relations avec la République de Chypre ».

Au plan de l’actualité internationale, une manifestation de plusieurs milliers de personnes a eu lieu à Lisbonne contre la politique d’austérité, jugée comme ayant accru le chômage et la récession ; les manifestants ont réclamé la démission du gouvernement. La Russie exige que les Etats-Unis retirent leurs armes nucléaires tactiques d’Europe, alléguant qu’« on observe dans cette sphère une asymétrie qui n’est pas en faveur de la Russie ». La Corée du Nord a annoncé quant à elle qu’elle ne renoncerait pas à son « inestimable sabre nucléaire ». En Belgique, la ville de Gand vient de supprimer l’interdiction du voile islamique des employés municipaux. Naïma Charkaoui, directrice du Forum des minorités, à l’origine d’une pétition pour cette cause, a affirmé : « C’est un tournant historique pour les minorités ethniques et culturelles », « Les populations immigrées commencent à avoir un poids politique ». En Grèce, plusieurs centaines du parti néo-nazi Aube dorée ont manifesté dans les rues d’Athènes en marchant ensuite vers le Parlement. Au Bénin, l’apparition d’une nouvelle maladie a été observée, non-identifiée à ce jour et meurtrière : elle a déjà tué au moins 100 enfants et adolescents dans le sud du pays, et se développe très vite (24 heures seulement peuvent s’écouler entre l’apparition des premiers symptômes de la maladie et le décès de la personne atteinte) ; elle est qualifiée de « diabolique » par les habitants locaux. Au Yémen a eu lieu un séisme de magnitude 5,7, et entre Panama et le Costa Rica s’est produit un tremblement de terre de 5,6. 

Et c’est le terrorisme qui a frappé massivement cette semaine. L’Irak est encore le théâtre d’attentats meurtriers : l’explosion de 14 voitures piégées et de 4 bombes dans des quartiers majoritairement chiites ont fait 82 morts et près de 130 blessés lundi ; mercredi, 15 personnes ont encore trouvé la mort dans des attentats, ainsi que 26 jeudi dans une série d’attentats à la voiture piégée (c’est ainsi un bilan de plus de 600 morts victimes du terrorisme, en ce mois de mai pour l’Irak). En Afghanistan, un bâtiment affilié aux Nations-Unies au centre de Kaboul a été l’objet d’une attaque d’envergure par les talibans, s’accompagnant d’une fusillade qui a tué un policier afghan et 10 personnes. Mais ce n’est pas seulement dans les pays du Moyen-Orient que le terrorisme islamique frappe. Après l’assassinat à la machette à Londres d’un soldat aux cris d’« Allah Akbar » pour « venger » la mort de musulmans de par le monde, un militaire de 23 ans en mission Vigipirate a été poignardé à la gorge à Paris, par un homme récemment converti à l’islam. Un attentat kamikaze commis par une femme a fait un mort et 13 blessés dans le Caucase russe. Cinq personnes ont été tuées lors d’une attaque à la frontière kenyane par des islamistes somaliens Shebab. Aux Philippines, un mouvement terroriste lié à Al-Qaïda souvent responsable de sabotages et crimes dans ce pays, Abou-Sayyaf, a provoqué la mort de 11 personnes lors d’affrontements. C’est dans ce contexte que le président de la première puissance annonce vouloir cesser la « guerre contre le terrorisme » initiée il y a douze ans par son prédécesseur : Obama a déclaré jeudi : « Nous sommes maintenant en guerre depuis plus d’une décennie », « mais cette guerre, comme toutes les guerres, doit prendre fin. » Il souhaite ainsi remettre en question l’usage de drones et l’existence du centre de détention de Guantanamo. L’ONU s’est d’ailleurs positionnée dans le même esprit, dénonçant « de très graves violations des droits de l’homme dans le cadre des opérations de lutte contre le terrorisme » : lundi, la Haut Commissaire des Nations unies pour les droits de l’homme, Navi Pillay, a notamment signifié que le centre de Guantanamo était « un exemple de l’incapacité du combat contre le terrorisme à respecter les droits de l’homme, notamment le droit à un procès équitable ».

Et si les faits de ces derniers jours mettent au premier plan le terrorisme islamique, ils mettent aussi en avant la violence. En Guinée, 12 personnes ont été tuées lors de manifestations précédant les élections législatives. En Inde, 300 rebelles maoïstes ont attaqué un convoi d’élus locaux du parti du Congrès au pouvoir à New Delhi, tuant au moins 23 personnes. Une série de crimes sordides (personnes brûlées vives, viols, décapitations) a entraîné le rétablissement de la peine de mort en Papouasie Nouvelle-Guinée, annoncé mardi. En Suisse, une cinquantaine de personnes ont été blessées dans la nuit de samedi à dimanche à Berne, lors d’une fête techno qui a dégénéré, nommée « Tanz dich frei » (libère-toi par la danse).

En France, une lycéenne s’est pendue dans l’établissement scolaire qu’elle fréquentait à Marseille. Et la France symbolise en ces jours-ci les enjeux de société liés à la question des « droits » des homosexuels. Tout d’abord, le premier mariage homosexuel a eu lieu à Montpellier ce mercredi devant 500 invités ; on estime que 7 000 mariages entre homosexuels devraient avoir lieu en 2013. La mobilisation contre le mariage homosexuel se poursuit d’ailleurs, même après l’adoption de la loi du « Mariage pour tous ». Les opposants, soutenus par une partie de l’UMP, ont manifesté à Paris ce dimanche, dans un climat tendu, au nombre de 150 000 manifestants selon la police, un million selon les organisateurs. La manifestation a eu lieu dans le calme, mais après la dispersion officielle des manifestants, de violents affrontements ont éclatés entre les forces de l’ordre et fauteurs de trouble, « pour la plupart issus de l’extrême droite et de la mouvance identitaire » selon Manuel Valls. Et c’est à tous niveaux que la cause des lobbys LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) se fraye un chemin. La Palme d’or du 66ème festival de Cannes a été remise dimanche soir au film « La vie d’Adèle », présentant une histoire d’amour entre deux femmes. Et si l’amendement Sommaruga ouvrant la voie à l’enseignement obligatoire de la « théorie du genre » à l’école primaire en France vient d’être retiré par les sénateurs il y a quelques jours (notamment grâce à une pétition demandant le retrait de cet amendement), des cours d’éducation sexuelle seront donnés dès l’école primaire, et l’objectif de cet enseignement serait selon certains experts de « dépasser la binarité historique entre féminin et masculin ». Enfin, c’est un projet général de refonte de l’école qui est actuellement au jour au Sénat, porté par une philosophie dont il est important de dire quelques mots. Rappelons que celui que le président de la République a nommé au poste de ministre de l’Education nationale a écrit deux ouvrages, promouvant une véritable idéologie élevée au rang de religion. Dans La Révolution française n’est pas finie publié en 2008, dont le titre est tout un programme, Vincent Peillon écrit : « L’école doit opérer ce miracle de l’engendrement par lequel l’enfant, dépouillé de toutes ses attaches pré-républicaines [sociales, familiales, religieuses], va s’élever jusqu’à devenir le citoyen, sujet autonome. C’est bien une nouvelle naissance, une transsubstantiation qui opère dans l’école et par l’école, cette nouvelle Eglise, avec son nouveau clergé, sa nouvelle liturgie, ses nouvelles tables de la Loi. » Le but est ainsi de forger des personnes acquises aux valeurs fondamentales de la République française selon son évolution actuelle.

Source: www.lespoir.fr