Depuis plus d’un mois, la température avoisine les 40 degrés en Argentine. Une chaleur d’été austral qui s’avère la plus cuisante depuis cent ans. Face à la canicule, la climatisation, les ventilateurs ou encore les réfrigérateurs tournent à plein régime mais les infrastructures énergétiques du pays ne supportent pas une telle consommation.
Des coupures de courant
La surconsommation d’électricité a provoqué des coupures de courant et d’eau, provoquant la colère de certains Argentins qui sont descendus dans les rues pour protester. Ces derniers ont bloqué avec des pneus et des poubelles les principales artères et autoroutes de la capitale argentine tout en frappant sur leurs casseroles.
Les deux compagnies privées, Edenor et Edesur, qui alimentent en électricité l’agglomération de Buenos Aires, devront payer un total de 44 millions de dollars de dédommagements aux usagers pour les coupures d’électricité. Edenor, ancienne filiale d’Electricité de France (EDF), devra payer 221 millions de pesos (33 millions de dollars) et Edesur s’acquittera de 77 millions (11 millions USD).
Le ministre argentin de la Planification, Julio De Vido, a annoncé les sanctions vendredi 3 janvier, après 3 semaines de pénurie d’électricité. Ce dernier a également averti que les deux compagnies pourraient perdre leur concession pour non respect du contrat. La semaine dernière, le chef de cabinet de la présidence Jorge Capitanich avait menacé de nationaliser les deux entreprises privatisées en 1992 mais ce dernier a attesté que le gouvernement n’autoriserait pas la hausse des tarifs réclamée par les opérateurs pour investir dans le réseau de distribution, et que les factures d’électricité continueraient d’être subventionnées par l’Etat.
Un enjeu politique
Des coupures d’électricité dont l’opposition a profité pour dénoncer le contrôle des tarifs de l’électricité imposé par le gouvernement, freinant les distributeurs pour investir dans le secteur afin de répondre à la demande. De son côté, le gouvernement minimise les pannes de courant. Selon Jorge Capitanich, ces pénuries d’électricité ne concerneraient seulement que « 1% à 3% » de la population, ce que réfute l’opposition.
Ces manifestations interviennent quelques jours seulement après le remaniement ministériel, opéré par la présidente Cristina Kirchner. Son gouvernement, déjà fragilisée par les grèves des policiers de province et les pillages du mois de décembre, doit faire face à une nouvelle vague de mécontentement.
Pour l’heure, les Argentins sont dans la rue et attendent le rétablissement de l’électricité. Pour Agustina Lopez, résidente de la banlieue sud de Banfield, « C’est intenable, il fait plus de 30 degrés dans mon appartement et sans électricité, plus d’ascenseur, ni d’eau. Et comme j’habite au 7e étage, c’est l’enfer. Il ne nous reste plus qu’à prier pour que la lumière revienne », a-t-elle déclaré au quotidien suisse, 20 minutes.