En Israël, le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le chef de
l'opposition Shaul Mofaz ont provoqué la surprise en scellant, dans la
nuit du 9 mai, un accord d'union nationale. Un moyen pour Benjamin
Netanyahu d'éviter la tenue d'élections anticipées mais aussi
d'envisager une confrontation prochaine avec l'Iran.
Mainmise sur la Knesset
Fort de cette nouvelle union, Benjamin Netanyahu contrôle, à présent, 90 sur 120 des sièges que compte le Parlement israélien, la Knesset. Du jamais vu. Shaul Mofaz, ancien chef des armées et nouveau dirigeant de Kadima, obtient le poste de Premier ministre adjoint et Benjamin Netanyahu la marge de manœuvre nécessaire en cas de confrontation avec l'Iran.En Israël, les réactions ne se sont pas fait attendre. Shelly Yachimovitch, leader du parti travailliste et nouvelle chef de l’opposition n’a pas tardé à faire part de son indignation. « Cette vilaine manœuvre va être enseignée dans les universités pendant une longue, longue période ».
Une série de manifestations, appelant à une réforme politique, a été prévue pour le weekend du 12 mai. D’avis d’expert, Benjamin Netanyahu pourrait avoir cherché à renforcer son pouvoir pour frapper l’Iran en Novembre prochain, avant les élections américaines.
Porter la crise iranienne à son paroxysme
Ari Shavit, analyste politique pour le quotidien israélien Ha'aretz, estime que Benjamin Netanyahu « a voulu des élections anticipées pour contrecarrer les élections américaines de Novembre et se laisser le temps de porter la crise du nucléaire iranien à son paroxysme à l’automne ».Que le Premier ministre israélien ait décidé d’annuler ces élections ne change rien. « Benjamin Netanyahu a tout à coup compris que le Likoud, son parti, risquait de se scinder à droite, et que, dans ce cas, même s’il venait à être réélu, il n’aurait pas le mandat dont il avait besoin », explique Ari Shavit. « À une élection préparant le terrain pour une confrontation, il a préféré une unité préparant le terrain pour une confrontation. »
Le dirigeant israélien a longtemps affirmé qu’une frappe préventive sur les installations iraniennes était le seul moyen d’empêcher l’Iran de développer des armes nucléaires. Mais à l’opposition des leaders européens et du président américain Barack Obama, qui préfèrent une approche diplomatique, s’est ajoutée celle des anciens commandants militaires israéliens, qui considèrent qu’une frappe unilatérale ne ferait que repousser les ambitions iraniennes.
La légitimité de frapper l'Iran
Benjamin Netanyahu « n’a plus à attendre les élections du 4 septembre pour s’emparer du problème iranien. Il peut agir maintenant », affirme Ari Shavit.Chanan Kristal, analyste politique pour Israel Radio, voit, lui, deux explications aux agissements de Benjamin Netanyahu. « Soit [Benjamin Netanyahu] a besoin de Shaul Mofaz dans son gouvernement pour ne plus avoir à se justifier des mesures qu’il prend contre l’Iran, soit il a besoin de lui pour avoir plus de légitimité le jour où effectivement il attaquera l’Iran. Jusqu’ici, Shaul Mofaz s’est montré défavorable à une attaque, mais ce n’est de toute façon pas lui qui prendra la décision. Cela sera Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense, Ehud Barak. »
Ari Shavit a souligné que ceux qui souhaitent prévenir un conflit avec l’Iran, comme les États-Unis, vont devoir agir finement pour trouver une solution politique. « Ou alors, il y a un risque pour que, d’ici la fin de l’été, nous nous retrouvions dans une terrible situation. »
Des décisions messianiques
Quand il a annoncé son union avec Kadima aux journalistes, Benjamin Netanyahu a semblé irrité. Il faut dire que de plus en plus d’anciens militaires s’opposent à sa politique contre l’Iran. Il a semblé particulièrement remonté contre Yuval Diskin, ancien chef des services secrets israéliens et figure apolitique respectée, qui a pris position début mai. « J’ai un problème majeur : je n’ai aucune foi en l’actuel gouvernement, qui pourrait nous mener à une guerre contre l’Iran, ou à une guerre régionale » a-t-il déclaré. « Je ne crois ni en notre Premier ministre, ni en notre ministre de la Défense. Je ne crois pas à un gouvernement qui s’imagine investi d'une mission messianique. »L’idée, selon laquelle Benjamin Netanyahu et Ehud Barak ne sont pas compétents pour prendre des décisions relevant de la sécurité nationale, particulièrement quand elles concernent l’Iran, s’est répandue. Ce qui a profondément perturbé le principal intéressé. En conférence de presse, Benjamin Netanyahu n’a eu de cesse de répéter que son gouvernement était « sain ».
Global Post / Adaptation Anaïs Leleux - JOL Press
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