L'opposition syrienne a réclamé
jeudi une réunion d'urgence de l'ONU après le pilonnage de Hama
(centre), au lendemain d'un appel lancé par Paris à faire pression pour
une résolution autorisant l'usage de la force en cas d'échec du plan
de l'émissaire Kofi Annan.
«Nous
demandons une réunion d'urgence afin de prendre une résolution
d'urgence pour protéger les civils», a affirmé le CNS dans un
communiqué, disant faire «porter la responsabilité de ce qui se passe
sur le terrain en Syrie à la communauté internationale».
Depuis lundi, une quarantaine de civils ont péri dans des bombardements
sur Hama, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH),
malgré la présence dans la ville de deux observateurs de l'ONU qui n'ont
jusqu'à présent pas réussi à faire respecter un cessez-le-feu en
vigueur depuis deux semaines.
Les médias officiels syriens ont de leur côté recensé 16 morts à Hama,
tués par l'explosion d'une bombe manipulée par des «terroristes».
La Ligue syrienne des droits de l'Homme (LSDH) a rapporté que neuf
militants avaient été abattus après avoir rencontré ces observateurs qui
sillonnent le pays depuis leur arrivée le 15 avril. Jeudi, ils sont
allés à Douma, banlieue rebelle de Damas, et à Soueida (sud), selon un
responsable de l'équipe à Damas.
Dans le même temps, les violences ont fait sept morts, dont cinq civils
tués par les forces gouvernementales - deux à Mareh (nord) et trois dans
la province de Deir Ezzor (est) -, selon l'OSDH.
De plus, un déserteur a péri dans des combats avec l'armée à Zamalka,
aux portes de Damas, et un soldat a été tué par une bombe à Deir Ezzor,
selon la même source.
L'agence officielle Sana a pour sa part annoncé la mort jeudi de cinq
civils, attribuée à des «terroristes», terme utilisé par les autorités à
propos des rebelles et des opposants.
Jeudi, la Russie, alliées de Damas, a elle aussi accusé l'opposition
syrienne de recourir à une «tactique du terrorisme» semblable à celle
d'Al-Qaïda dans d'autres pays de la région.
Le ministre de l'Information, Adnane Mahmoud, a d'ailleurs accusé des
«groupes terroristes armés» d'avoir commis «plus de 1300 violations» de
la trêve et appelé M. Annan à «de réels efforts» pour lutter contre eux
et contre «les pays qui les soutiennent».
Le général Moustapha Ahmed Al-Cheikh, chef du Conseil militaire de
l'Armée syrienne libre (ASL), a pour sa part estimé que la mission de
300 observateurs prévu par une résolution de l'ONU était vouée à
l'échec, dans un entretien au journal Asharq al-Awsat.
«La mission des observateurs de l'ONU ne sera jamais un succès car la
nature même du régime repose sur un mode de pensée sécuritaire», a-t-il
affirmé, voyant deux solutions à la crise: «soit un mécanisme au Conseil
de sécurité pour faire tomber le régime d'Assad - et cela n'arrivera
pas tant que les Russes opposeront leur veto - soit une intervention
militaire».
Face aux violences qui se poursuivent, les Occidentaux ont évoqué un recours à la force en cas d'échec du plan Annan.
Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, jugeant le
plan Annan «fortement compromis», a affirmé qu'il fallait laisser «une
chance» à cette mission «sous condition d'un déploiement rapide des 300
observateurs, sous quinzaine et pas dans trois mois».
Pour M. Juppé, le 5 mai, date du prochain rapport de Kofi Annan à l'ONU, représentera «un moment de vérité».
Si la mission de l'ONU ne fonctionne pas, «il faudrait donc, à ce
moment-là, passer à une autre étape que nous avons déjà commencé à
évoquer avec nos partenaires, sous chapitre 7 de la charte des Nations
unies», a-t-il précisé.
Son homologue américaine, Hillary Clinton, avait évoqué il y a une
semaine ce chapitre 7 qui prévoit un recours à la force en cas de
menaces contre la paix. Mais la Russie et la Chine devraient une fois de
plus opposer leur veto, selon les analystes.
À Paris, un homme d'affaires syrien vivant en Arabie saoudite, Nofal
Dawalibi, a annoncé la création d'«un gouvernement de transition», sans
toutefois préciser comment cette nouvelle structure allait articuler son
action avec le Conseil national syrien (CNS), considéré comme la
principale coalition de l'opposition.
Après plus de 13 mois de révolte réprimée et de violences qui ont fait
plus de 11 100 morts selon l'OSDH, 7195 candidats, dont 710 femmes, ont
entamé des campagnes d'affichage en vue des législatives qui doivent
pourvoir les 250 sièges du Conseil du peuple (Parlement) le 7 mai, selon
l'agence officielle Sana.
Plus de 14 millions de Syriens sont appelés aux urnes pour ces élections
que Damas a promises «libres et transparentes», mais déjà dénoncées par
la communauté internationale et l'opposition comme une «farce».
Source:
http://www.cyberpresse.ca/international/dossiers/crise-dans-le-monde-arabe/syrie/201204/26/01-4519231-lopposition-syrienne-reclame-une-reunion-durgence-de-lonu.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B13b_crise-dans-le-monde-arabe_1415782_section_POS2